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SOUVENIRS


D'UN NATURALISTE.




LES CÔTES DE SAINTONGE.


II.

CHATELAILLON. - ESNANDES.




I

Les côtes de la Saintonge et des contrées limitrophes n’ont pas toujours présenté la forme et les contours qu’on leur voit aujourd’hui. Peu de rivages peut-être ont subi d’aussi grands changemens depuis la révolution géologique qui leur donna naissance. Il est vrai qu’ailleurs, à l’embouchure des grands fleuves, il s’est formé des terres nouvelles, et, sans sortir de la France, le Rhône nous offre dans la Camargue un exemple de ces deltas ; il est vrai que sur d’autres points la mer ronge sans cesse et recule peu à peu ses barrières : la Biscaye française nous a montré un curieux exemple de ces érosions ; mais dans les cas analogues à ceux que nous venons de rappeler, l’action modificatrice des fleuves ou de l’océan s’exerce toujours dans le même sens, soit pour créer, soit pour détruire. En Saintonge, grâce à la structure du continent, à la nature minéralogique du sol, les deux effets se produisent à la fois. Partout l’océan attaque et démolit pièce à pièce les saillies de la côte, partout il remblaie les parties rentrantes, et le résultat final de cette double action sera dans l’avenir le comblement des golfes aussi bien que le rasement