Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 2.djvu/804

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y furent installes dans des bocaux que, par surcroît de précaution, on plaçait dans de larges vases pleins d’eau ; divers gaz furent essayés, et parmi eux le chlore surtout répondit pleinement à mes espérances. Les termites les plus vigoureux plongés dans ce gaz presque pur tombent comme foudroyés au moment même du contact. Laissés pendant une demi-heure dans de l’air mêlé d’un dixième de chlore seulement, ils sont complètement asphyxiés. Des expériences répétées de diverses manières, et dans lesquelles je tâchai d’imiter autant que possible la disposition des bois termites, donnèrent des résultats tout aussi décisifs, tout aussi satisfaisans. Ainsi, pour détruire la termitière la plus étendue, il suffira d’y injecter une quantité suffisante de chlore dégagé par un ou plusieurs appareils »

Est-ce à dire que le problème ramené à ces termes si simples ne présentera plus de difficultés ? Nous sommes loin de le prétendre. Dans toutes les questions de ce genre, aux recherches de la science, qui donnent ce qu’on pourrait appeler la solution théorique, doivent succéder les tâtonnemens de la pratique, qui seuls assurent l’application usuelle. À ce point de vue, de nouveaux problèmes surgiront pour chaque cas particulier. S’il s’agit d’attaquer une espèce exclusivement mineuse, une exploration exacte des lieux sera d’abord nécessaire pour découvrir le point de départ des mille galeries suivies par les termites ; puis il faudra déterminer le lieu d’application des appareils, afin que le gaz pénètre sans trop d’obstacles au milieu même de la termitière. Peut-être les insectes menacés se défendront-ils, comme ceux du Sénégal, en murant les passages donnant entrée au gaz délétère, et alors il faudra déployer une promptitude de manœuvres seule capable de les prévenir. Peut-être faudra-t-il dégager le gaz sous une pression assez considérable pour qu’il puisse pénétrer dans toute l’étendue des travaux. Peut-être, en dépit de toutes les précautions, les premières tentatives échoueront-elles, même sur des colonies isolées comme celles de La Rochelle. Peut-être enfin ou plutôt à coup sûr, dans les villes généralement infestées, comme Saintes ou Rochefort, faudra-t-il lutter, après un premier succès, contre des invasions nouvelles, et recommencer de temps à autre tout un ensemble de recherches et d’opérations ; mais est-ce à la première campagne que le cultivateur se délivre à jamais du chiendent ou de l’ivraie ? Lui aussi n’a-t-il pas besoin d’activité et de persévérance pour sauvegarder ses moissons ? Nous n’en demandons pas davantage aux propriétaires de maisons ou de champs termites, et à ce prix, mais à ce prix seulement, nous leur garantissons le succès.