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LES


BAINS DE MER.


I.

LA MAISON.


Sage qui tient son âme ouverte à l’avenir :
Hélas ! je vis d’espoir moins que de souvenir.
Mon chant mêlé de plainte est pour tout ce qui tombe
Je visite un berceau moins souvent qu’une tombe.
Ce que j’aime ira-t-il sous la commune loi ?
Verrai-je en mon pays, ô mon cher de Belloy,
Tout pâlir, les enfans au langage infidèles,
Et les men-hîr brisés pour les routes nouvelles ?
Je veux, poète ami, dans un vivant tableau,
Montrer le temps ancien devant le temps nouveau.

La maison du marin, dans la mer réfléchie,
D’une chaux vive et claire est récemment blanchie ;
Une vigne l’entoure, et devant l’humble lieu,
Son fils entre ses bras, est la mère de Dieu.
Malgré le poids des ans, brave encore et légère,
Voici comme un matin parlait la ménagère :

« — La chaleur est venue et la saison des bains ;
Mon mari, mes enfans, n’épargnons pas nos mains :