Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 3.djvu/778

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DU


MOUVEMENT INTELLECTUEL


PARMI LES POPULATIONS OUVRIÈRES.




LES OUVRIERS DU MIDI DANS LES CÉVENNES
ET L’INDUSTRIE DE LA SOIE.[1]




On pourra bientôt se rendre en un jour, à travers la France entière, des froides régions que baigne la Mer du Nord aux tièdes rivages de la Méditerranée. On aura quitté la veille des champs où croissent le pommier et le houblon à côté du chêne druidique, et on se trouvera le lendemain au milieu des grenadiers, des oliviers et des ravissans arbustes du jardin des Hespérides. L’aspect des populations n’aura pas moins changé que l’aspect de la nature. Entre les hommes du midi et ceux du nord de la France, il existe des différences essentielles et de visibles contrastes à côté de traits communs qu’expliquent les progrès généraux de la civilisation et le mouvement si rapide de la nation française vers l’unité. Ces variétés sont beaucoup plus frappantes dans les couches inférieures de la population, condamnées à l’isolement de la vie locale, que dans les rangs élevés, où les relations embrassent une plus grande sphère et où le degré d’instruction est à peu près le même en tous lieux. C’est au sein des classes ouvrières que se conservent le plus fidèlement l’esprit du sol et le caractère traditionnel des races. L’existence matérielle, la vie

  1. Voyez les livraisons des 1er  juin, 1er  septembre et 15 novembre 1851, des 15 février et 1er  août 1852 et du 1er  janvier 1853.