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c’est le classement, l’ordre à établir parmi tant d’intérêts et de questions qui se rattachent à de récens progrès. Heureusement notre division est tracée par la nature même du pays que nous avons à parcourir. Le Rhône scinde en deux portions inégales nos provinces du sud. — Les contrées de la rive gauche, pressées entre les Alpes et le fleuve impétueux qui semble couler sans toucher ses rives, sont le siège d’industries spéciales, dont quelques-unes n’existent nulle part ailleurs, du moins dans de telles proportions, et dont d’autres unissent, d’une façon singulière, le travail agricole au travail purement industriel. Là, le caractère provençal présente à l’observation sa vivacité pétulante et sa proverbiale naïveté. — Les provinces de la rive droite du Rhône sont comprises entre les montagnes de l’Aveyron et du Limousin et la muraille pyrénéenne, entre les rivages de la Méditerranée et les côtes de la Gascogne. Ces régions renferment des fabrications extrêmement diverses, et pourtant on éprouve d’abord quelque peine à en apprécier la richesse industrielle. De belles cultures y frappent seules les regards ; on y voit des districts immenses, toute la riche vallée de la Garonne, par exemple, qui sont exclusivement agricoles. C’est dans le Languedoc, dans le bas Languedoc principalement, qu’au milieu des vignes luxuriantes, des oliviers et des mûriers de l’Hérault et du Gard, on rencontre enfin l’industrie manufacturière. Quelques cités plus ou moins actives, les villages et les hameaux des montagnes, sont les sièges préférés du travail industriel, qui se réfugie parfois aussi au fond de vallées solitaires et sur les bords de torrens inconnus. Pour continuer parmi les populations méridionales les recherches commencées dans la France de l’est et du nord, nous nous placerons d’abord sur la rive droite du Rhône. Les industries de Nîmes, des Monts-Garrigues et des Cévennes nous occuperont successivement dans cette première étude.


I. – NIMES, LES GARRIGUES ET LES CEVENNES. – INDUSTRIES LOCALES.

La chaîne des Cévennes, qui compte à peu près 400 kilomètres de longueur et traverse huit ou dix départemens, s’en va toucher aux Vosges du côté du nord et se relie par le sud au gigantesque rideau des Pyrénées. Elle se divise en quelques larges massifs d’une hauteur fort inégale, ayant chacun son nom particulier. La partie de ces montagnes située dans le nord du département du Gard et dans le sud du département de l’Ardèche porte le nom de Cévennes propres ; là même commence un autre réseau, celui des Monts-Garrigues, qui, après s’être inclinés vers Nîmes, débordent sur les départemens de l’Aveyron et de l’Hérault. Cette région, où la nature a multiplié les sites pittoresques, où des collines et des vallons d’une