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que le besoin s’en fait sentir. L’enseignement du chant rentre dans le programme des écoles primaires, soit chez les frères, soit chez les instituteurs protestans. Un cours public de chant est en outre destiné aux adultes, surtout aux jeunes gens sortis des classes élémentaires et qui ont montré des dispositions spéciales. Il faut mentionner, parmi les maisons d’enseignement, l’école de fabrication et l’école de dessin instituées par la municipalité, et dont nous avons eu déjà l’occasion de parler[1]. Qu’on y prenne garde : ces derniers établissemens, l’école de fabrication surtout, se distinguent essentiellement des autres créations locales. Nées de l’industrie, elles se rattachent à l’esprit du nord de la France, aussi sont-elles très peu fréquentées par les ouvriers mêmes.

Ce n’est point assez d’ailleurs de répandre gratuitement l’instruction et les secours ; il y aurait ici mieux à faire encore, à resserrer par exemple les liens qu’en dépit des dissidences les plus enracinées, la nature des choses tend toujours à établir entre les diverses classes sociales. Les sociétés de secours mutuels, qui avaient jadis éveillé si peu de sympathies sur le sol nîmois, figurent néanmoins au premier rang des institutions qui peuvent intéresser les populations laborieuses au maintien de l’ordre public ; elles ont d’ailleurs l’avantage d’appartenir au domaine du travail, sans avoir été compromises dans les luttes antérieures. Prudemment combinées et sagement conduites, elles parviendraient aujourd’hui, nous le croyons fermement, à l’aide des facilités accordées par la loi actuelle, à triompher des obstacles légués par le passé. On devrait, dans l’administration municipale et dans le sein de la fabrique de Nîmes, s’occuper de cette question avec l’ardeur réfléchie et soutenue sans laquelle les meilleurs projets demeurent stériles. Que dans les associations mutuelles on tienne compte de la différence des cultes, ce sera longtemps sans doute une nécessité ; mais la conformité de religion ne devrait être demandée qu’aux associés participans et non aux membres honoraires ; autrement, on exclurait le concours d’à peu près tous les chefs de fabrique, et le but serait manqué : on n’aurait point rapproché les uns des autres les divers élémens de la communauté industrielle, on n’aurait point assuré aux faibles le patronage des forts. C’est par une telle coopération seulement que des idées de paix pourront, sans porter atteinte à la foi religieuse, commencer à pénétrer dans un pays si profondément divisé.

À côté de ces institutions destinées à diminuer les mauvaises chances qui menacent les classes laborieuses, il est un objet qui importe infiniment encore à la masse de la population nîmoise : c’est le progrès

  1. Livraison du 1er juin 1851, De l’Enseignement industriel en France.