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le sceau privé. On parle de plusieurs autres changemens… J’imagine que l’on répand ces bruits pour attirer tous ceux qui pourraient être opposés au nouveau système. Je puis difficilement croire que personne soit expulsé du cabinet, excepté le trésorier et le sceau privé (lord Dartmouth). »

D’Arbuthnot à Swift, 10 juillet. — « Nous sommes en politique dans une étrange condition, telle qu’on ne saurait dire pour qui l’on est. Cela vaudrait vraiment la peine que vous fussiez ici seulement vingt-quatre heures, pour voir la bizarrerie de la scène. Je suis sûr que vous en goûteriez mieux la vie des champs. Le Dragon tient très ferme et d’une mortelle étreinte la précieuse petite machine (la baguette). S’il avait pris la moitié autant de peine pour d’autres affaires qu’il s’en est dernièrement donné contre l’Esquire (William Bromley), il aurait pu être un dragon au lieu d’un Dagon. S’il fallait faire ou souffrir autant que lui, j’aimerais autant m’enrôler sur les galères. Haec inter nos. »

De lord Bolingbroke à Swift, 13 juillet. — « Je n’ai jamais ri, mon cher doyen, de votre départ de la ville : au contraire j’ai trouvé que votre résolution de vous éloigner, à l’époque où vous l’avez prise, était très sage ; mais je confesse que j’ai ri de tout mon cœur quand j’ai appris que vous prétendiez trouver dans le village de Letcombe tout ce que votre cœur désirait. En un mot, je vous ai jugé absolument comme vous me dites dans votre lettre que je dois vous juger. Si mes grooms n’avaient pas vécu d’une vie plus heureuse que je n’ai fait pendant ces longs derniers temps, je suis sûr qu’ils planteraient là mon service. Veuillez appliquer cette réflexion. Oui, j’aurais voulu être avec vous, avec Pope et Parnell, quibus neque animi candidiores. Dans un temps bien court peut-être, je puis avoir le loisir d’être heureux. Je persiste dans les opinions et les résolutions où vous m’avez laissé. Je me maintiendrai ou tomberai avec elles. Adieu. »

De Charles Ford à Swift, 15 juillet. — « On nous dit maintenant que nous n’aurons aucun changement, et que le duc de Shrewsbury pacifiera tout comme il faut. Je suis sûr que vous ne le croirez pas plus que moi, mais le Dragon a été plus gai que de coutume pendant trois ou quatre jours, et les gens en concluent que les brèches seront réparées. J’incline plutôt à l’opinion de ceux qui disent qu’il doit être fait duc et avoir une pension. »

De Lewis à Swift. 17 juillet. — « Je ne rencontre ni homme ni femme qui ait de bonnes raisons pour prétendre décider qui l’emportera. Notre ami femelle (lady Masham) a dit chez elle au Dragon, jeudi matin, ces propres mots : « Vous n’avez jamais rendu aucun service à la reine, et vous n’êtes capable de lui en rendre aucun. » Il n’a rien répondu ; mais il a soupé avec elle et Mercurialis, le soir, chez elle-même. Il n’en médite pas moins de se venger. Il parle clairement et distinctement à tout le monde. Ceux qui se rangent sous sa bannière appellent la dame dix mille fois chienne et fille de cuisine. Ceux qui le haïssent parlent de même de lui. Et je regrette de toute mon âme qu’elle donne ainsi libre cours à sa colère, car elle est capable de véritable amitié et a beaucoup de qualités sociales et domestiques. Le grand procureur qui vous a fait l’offre ignoble d’un bénéfice en Yorkshire (lord Harcourt) a eu une longue conférence avec le Dragon mardi, l’a embrassé en partant et l’a chargé de ses malédictions le soir. »

De Charles Ford à Swift, 20 juillet. – « Une réconciliation est impossible, et