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des titres industriels sur lesquels on a prêté en moyenne les sept dixièmes de la valeur. Une réserve de 331 millions serait d’ailleurs en tout temps une garantie de premier ordre. Mais est-il à présumer que cette garantie diminue, et dans quelles proportions ?

Le rapport de l’encaisse à la circulation a subi, depuis deux ou trois ans, des variations considérables. « La circulation, disait M. le gouverneur de la Banque dans son rapport du 27 janvier dernier, a constamment dominé les encaisses pendant les deux premières années de la révolution de février ; mais au fur et à mesure que la stagnation des affaires se prolongeait et s’aggravait, les réserves métalliques se rapprochaient de la circulation. À la fin de 1849, la supériorité de la circulation se trouvait réduite à la faible somme de 6 millions. En 1850, les deux lignes se sont côtoyées pendant la majeure partie de l’année ; dans le second semestre, deux écarts ont eu lieu et ont rendu à la circulation une supériorité de 60 et quelques millions. En 1851, les réserves ont pris le dessus ; elles ont parfois surpassé la circulation de 90 millions. Pendant les trois premiers trimestres de 1852, ces deux lignes, prenant tour à tour le dessus, ont marché pour ainsi dire enchevêtrées l’une dans l’autre ; mais à partir de la mi-septembre, la circulation a pris un essor marqué : elle s’est relevée de 610 millions à près de 690, c’est-à-dire d’environ 80 millions. À partir de la même époque, les réserves avaient décliné dans une proportion continue ; de ces deux faits simultanés (la hausse de la circulation et la baisse des réserves), il s’ensuit qu’à la fin de l’année la supériorité en faveur de la circulation s’est relevée à environ 190 millions. »

À la fin de 1852, l’encaisse était encore de 500 millions. On le voit se maintenir à ce chiffre pendant les premiers mois de 1853 ; mais à partir du second semestre, la décroissance est rapide. Au commencement d’août, on comptait encore 480 millions à la réserve ; le 8 septembre, il n’en restait plus que 452 ; le 13 octobre, 380, et le 10 novembre 331. En trois mois, la réduction avait été de 150 millions. Il est à remarquer que les réserves de la Banque d’Angleterre, pendant le mois d’octobre dernier, comparées avec celles du mois d’octobre 1852, ont subi une diminution correspondante, 6,134,902 livres sterling.

La diminution des réserves a eu pour première cause la reprise des affaires. En 1848, 49 et 50, les opérations commerciales ne se traitaient plus guère qu’au comptant ; la société ne comptant pas sur l’avenir, chacun craignait de s’engager pour une échéance même prochaine. En 1850, la moyenne du portefeuille de la Banque à Paris était descendue à 29 millions. Le 24 décembre 1851, le portefeuille s’élevait à 127 millions pour Paris et le reste de la France ; le 24 décembre 1852, à 284 millions ; le 8 septembre 1853, à 294 millions ; le 13 octobre, à 379 millions, et à 394 millions le 10 novembre. L’accroissement des escomptes avait été de 100 millions en deux mois. Comme la circulation des billets, au lieu de suivre un mouvement parallèle, s’est réduite dans l’intervalle d’environ 6 millions, il a bien fallu prendre les 100 millions