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compétens, M. de Humboldt et M. Boussingault[1], la méthode américaine, toute grossière qu’elle est, convenait cependant mieux qu’aucune autre à l’exploitation des mines mexicaines dans les circonstances particulières où elles sont placées.

On parle beaucoup d’un autre essai tenté pour extraire l’argent sans le secours du mercure et en dissolvant le sel argentifère au moyen du sel de cuisine. Ce procédé n’est pas nouveau, on l’a employé en Allemagne, au Pérou et en France dans la mine de Poullaouen[2]. Il semble d’abord devoir offrir un grand avantage, la déperdition du mercure employé pour l’amalgamation de l’argent, et qui est surtout très considérable quand on suit la méthode dite américaine, augmentant de beaucoup les frais d’extraction. Cependant ce procédé par dissolution saline n’a pas eu le succès qu’on en attendait. Le sel est cher dans cette partie du Mexique, les chaudières employées à l’opération se détruisent promptement, et il paraît qu’une partie de l’argent échappe à la dissolution. En Europe, les choses vont mieux, parce que le sel est moins cher et que les ouvriers sont plus actifs et plus intelligens. Enfin l’avantage de se passer de mercure a considérablement diminué depuis que ce métal a été découvert en Californie et que par là son prix au Mexique a été réduit des deux tiers.

M. Buchan, à l’obligeance duquel je dois les renseignemens qui précèdent, me communique aussi de curieux détails sur l’organisation de la compagnie anglaise, dont il est un des directeurs. Tout le pays des mines appartient à cette compagnie. Elle fait travailler de six à huit mille hommes et a sous ses ordres vingt soldats de l’état. Elle a débuté par construire des routes et des ponts entre les diverses haciendas[3]; ces routes et ces ponts sont magnifiques. Jusqu’ici le revenu des mines a été presque entièrement absorbé par les frais d’établissement. Maintenant toutes les dépenses nécessaires sont faites, et l’on commence à gagner. M. Buchan estime que sur le million de piastres produit chaque année, la compagnie fait un bénéfice de 200,000 piastres. Si on trouve de nouvelles veines, elle gagnera peut-être un million de piastres par an. Du reste, on a changé de méthode; autrefois on cherchait un bon filon, puis un meilleur. Le principe actuel est de faire rendre davantage au filon que l’on tient

  1. Voyez, Annales de Chimie, 1832, t. LI, p. 373, los curieuses recherches de M. Boussingault sur les phénomènes chimiques qui se passent dans l’amalgamation américaine, dont il a mieux que personne démêlé les réactions compliquées.
  2. Voyez Recherches sur l’association de l’argent aux minéraux métalliques et sur les procédés à suivre pour son extraction, par MM. Malaguti et J. Durocher; troisième partie. Annales des Mines, quatrième série, t. XVII, p. 653.
  3. Usines pour l’extraction de l’argent.