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prairies sont livrées à des brebis south-down qui y trouvent une nourriture abondante. Rien ne donne plus l’idée de la puissance et de la richesse que la ferme de Clipstone, dont elles dépendent et qui n’a pas moins de 1,000 hectares. Les bâtimens en sont grandioses, et l’immense cour pavée où un nombreux troupeau de bœufs écossais de la race d’Angus parque en plein air toute l’année, au milieu de monceaux de foin, offre un spectacle original et frappant.

Les domaines dos ducs de Newcastle et de Portland se distinguent encore par un autre genre de culture, des semis et des plantations d’arbres de toute espère. J’ai déjà dit que quelques grands seigneurs avaient entrepris de refaire artificiellement de véritables forêts où l’expérience du défrichement n’avait pas réussi ; on peut voir là combien ces forêts, semées et plantées par l’homme, composées d’essences de choix, dégagées de toute végétation parasite, soigneusement éclaircies, cultivées enfin avec tout l’art possible, sont supérieures aux forêts naturelles venues au hasard.

Grâce à ces efforts intelligens, les mauvais terrains du comté de Nottingham sont arrivés à produire une rente moyenne de 80 francs, ce qui est énorme pour un pareil sol. Il est vrai qu’à l’action de la grande propriété entre les mains d’hommes dévoués au bien public est venue se joindre l’influence non moins bienfaisante de l’industrie. La ville de Nottingham, qui compte avec ses annexes une population d’environ 100,000 âmes, est le siège de nombreuses manufactures. La population totale du comté a doublé depuis cinquante ans. Dans le même laps de temps, la rente des terres a triplé. Partout ces deux faits marchent de front, et le second est la conséquence du premier. La vallée de la Trent, qui fait exception par sa fertilité avec le reste du pays, est d’une richesse extraordinaire. Près de Nottingham, la terre se loue jusqu’à 250 fr. l’hectare. M. Caird parle d’une ferme, située à près de deux lieues de cette ville, où l’on entretient 50 vaches laitières. Le produit annuel de chacune de ces vaches est de 500 fr. 20 hectares de pâturages les nourrissent l’été, et autant en prairies ou en racines l’hiver, d’où il suit qu’un revenu brut de 25,000 fr. est le produit de 40 hectares.

Le comté de Derby passe avec raison pour un des plus pittoresques de l’Angleterre ; il est visité dans la belle saison par une foule de curieux. Le charmant village de Matlock, où sont des eaux minérales, et dont le site rappelle les plus belles vallées des Pyrénées, est comme le quartier-général des touristes. De là on fait des excursions dans tous les sens, tantôt sur le sommet des montagnes, tantôt dans le creux des vallons ou dales. La plus intéressante est celle qui conduit à Chatsworth, la magnifique résidence du duc de Devonshire ; de véritables grandes routes, libéralement ouvertes à tous, traversent