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celui qui a paru un moment destiné à revenir sur la mesure de 1847 et qui a fini par la consacrer, est précisément le plus grand propriétaire du comté de Lancastre, où vit encore le souvenir de son glorieux ancêtre. Avant de céder comme ministre à la pression de l’opinion, il avait pris son parti comme propriétaire. Il avait réussi à éviter une réduction dans ses rentes en employant le grand moyen, le remède universel, le drainage. Un corps de près de 100 ouvriers a été employé constamment à drainer ses terres, sous la direction d’un agent spécial. L’intervention des fermiers n’est requise que pour charrier les tuyaux, et quand le travail est fait, ils sont obligés de payer annuellement, en sus de leurs rentes, 5 pour 100 de la somme qu’il a coûté. Tel est l’effet du drainage sur ces terres argileuses et sous ce climat humide, que tout le monde y trouve son compte, même Ford Derby qui a fait malgré lui une bonne affaire.

Dans un rapport sur l’agriculture du Lancashire, on parle d’une ferme de 62 hectares qui achète tous les ans 2,000 tonnes d’engrais supplémentaire. Avec de semblables fumures, on peut avoir de bonnes récoltes. Les racines et les pommes de terre donnent surtout des résultats remarquables ; sur certains points, on fait deux récoltes de pommes de terre par an ; sur d’autres, les navets de Suède donnent communément 40 tonnes par acre ou 100,000 kilos à l’hectare. Cet engrais coûte de 6 à 7 fr. la tonne.

Les procédés qu’on emploie pour mettre en valeur les marais méritent d’être décrits. Du commence par ouvrir de 10 en 10 mètres de profondes tranchées où les drains sont déposés ; puis, on brûle les plantes de la surface et on rompt le sol par plusieurs labours en croix. Quand le tout est bien divisé, on répand de la marne au moyen d’un rail-way mobile, à raison de 300 à 400 tonnes par hectare. Le sol est si mou au moment de cette opération, qu’il est souvent nécessaire de mettre des pièces de bois sous les pieds des hommes et des chevaux pour les empêcher d’enfoncer. On répand encore des gadoues et des cendres, et on plante des pommes de terre ; après ces racines, qui donnent ordinairement une ample récolte, l’assolement de Norfolk suit son cours. Le tout, drainage, marnage, construction de chemins et de bâtimens ruraux, coûte de 6 à 700 fr. par hectare. On a ainsi assaini plusieurs milliers d’acres, entre autres dans le Chat Moss, entre Liverpool et Manchester.

Le salaire moyen dans le sud du Lancashire est de 13 shillings par semaine ou 2 francs 75 cent, par jour de travail. C’est le plus élevé que nous ayons encore rencontré. Les baux de sept ans sont généralement usités, et les propriétaires qui trouvent des fermiers riches et habiles accordent aujourd’hui des baux plus longs.

Au-delà se trouvent les cinq comtés voisins de l’Ecosse, ceux