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de 6 à 9 mètres de distance, et on a soin de n’employer que des tuyaux d’un pouce et demi de diamètre intérieur, quand un pouce suffit ailleurs ; de cette façon seulement, on vient à bout d’assainir suffisamment le sol. On compte aujourd’hui dans le pays trente fabriques de tuyaux.

On appelait autrefois Northumberland tout le pays - au nord de l’Humber - qui contient aujourd’hui les cinq comtés du nord ; ce nom ne désigne plus que le comté le plus septentrional de l’Angleterre. Le Northumberland occupe le versant oriental de la chaîne des Apennins britanniques, dont le Cumberland occupe le versant occidental, et se divise comme lui en deux parties, les montagnes à l’ouest, les plaines à l’est. La partie montagneuse est en général stérile. La chaîne des Cheviots, qui sépare l’Angleterre de l’Écosse, a seule d’assez bons pâturages ; c’est là que s’est formée la race de moutons qui porte ce nom, et qui passe à bon droit pour une des richesses rurales de la Grande-Bretagne. On vante la beauté des vallées qui coupent ce pâté de montagnes, et surtout celle de la Tyne, qui suit l’ancienne muraille des Pictes et débouche dans la mer à Newcastle ; la terre y est excellente et se loue un prix élevé.

L’agriculture des basses-terres du Northumberland jouit d’une haute réputation. Quand on fait en Angleterre un voyage agricole, tout le monde vous dit : Allez dans le nord, visitez le Northumberland, et, s’il est possible, allez jusqu’en Écosse. Pour l’Écosse, le conseil est bon ; mais il n’en est pas tout à fait de même du Northumberland. Cette prédilection de l’opinion est fondée jusqu’à un certain point pour les terres légères qui servent d’intermédiaires entre la montagne et la côte ; c’est là qu’est né l’assolement quinquennal, connu sous le nom d’assolement de Northumberland, qui n’est qu’une variante de celui de Norfolk : 1° turneps, 2° blé ou orge, 3° trèfle, 4° trèfle, 5° avoine. C’est là aussi qu’a commencé la culture des turneps en lignes, qui est aujourd’hui généralement adoptée par tous les bons cultivateurs ; mais les terres argileuses qui s’étendent le long de la mer n’ont pas échappé à la crise. La grande propriété et la grande culture y dominent pourtant. Une bonne partie du comté appartient au duc de Northumberland ; d’autres grands seigneurs et riches landlords y possèdent aussi de vastes domaines. Le célèbre parc de Chillingham, appartenant à lord Tancarville, est assez grand pour qu’une espèce particulière de bœufs sauvages s’y soit conservée. Les fermes sont en moyenne de 100 à 200 hectares, on en trouve de 500 et même de 1,000. Les fermiers passent en général pour des hommes riches ; il en est qui exploitent plusieurs fermes à la fois.

Cet excès de concentration est ici ce qu’est ailleurs l’excès de division, — la principale cause du mal. Quelque riches que soient les fermiers