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industriel s’accommodent de la douceur du climat, et de voir quelles tendances développe la vie méridionale au sein des populations ouvrières.


I. – AVIGNON. – AIX. – MARSEILLE. – TOULON. – INDUSTRIES LOCALES.

Les industries les plus importantes et les plus caractéristiques de cet extrême midi de la France ont leur siège principal dans quatre villes dont l’aspect diffère profondément, — Avignon, Aix, Marseille et Toulon. Les deux premières de ces villes portent surtout dans leur physionomie l’empreinte d’un passé également mémorable. — Entourée, à la façon des cités orientales, de remparts crénelés qui l’isolent d’une plaine verdoyante, Avignon est silencieuse comme un palais abandonné, ou plutôt comme un couvent désert. Un moment illustrée par le séjour de la papauté, on dirait qu’elle reste inconsolable autour de la mystérieuse demeure de ses hôtes évanouis. Cependant sa position sur le Rhône, presque au confluent des voies ferrées du midi, la fécondité de ses campagnes, la multiplicité des forces hydrauliques répandues dans son voisinage, tendent à l’associer de plus en plus au mouvement économique de notre temps. — La cité d’Aix, qui a eu sa grandeur comme capitale des comtes de Provence, après avoir figuré déjà sous les Romains, — reléguée loin de la mer et du Rhône, laissée de côté par le chemin de fer, qui réunira bientôt Marseille, Lyon et Paris, — n’offre qu’une physionomie vague comme son rôle actuel.

Quel changement, quand on considère le chef-lieu du département des Bouches-du-Rhône, où déborde de tous côtés une vie exubérante ! Tandis que nos autres grandes villes, Bordeaux, Rouen, Lyon, Nantes, ont entre elles certains traits de similitude, Marseille ne ressemble qu’à elle-même. Contemplés du sommet de ce bloc de rochers arides qui abrite son port, ses toits de briques figurent un immense tapis rougeâtre sur lequel le soleil du midi verse à torrens son éclat et sa chaleur. Point d’oasis de verdure, où les yeux puissent se reposer ; la campagne même est nue ; les blêmes oliviers ou les amandiers au grêle feuillage qui entourent les nombreuses villas de la banlieue marseillaise ne suffisent pas pour en égayer l’aspect. À l’intérieur des murs, nul monument grandiose ne captive l’admiration ; mais la mer est là, avec sa majesté. Elle se retourne en tous sens, comme pour embrasser la ville, au centre de laquelle elle vient emprisonner ses eaux dans un vaste bassin naturel. Dans son immense périmètre, Marseille renferme les plus étonnans contrastes : ici la solitude opulente des allées Meilhan et du cours Bonaparte, là l’extrême