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étang, l’eau qui porte la glace se faire jour par les fissures et déborder momentanément au-dessus. Ce phénomène s’observe en mille endroits du globe, et, dans les volcans ouverts par le fond, on voit la lave en état de fusion offrir un échantillon de l’état de l’intérieur du globe. Partout où une brisure de la surface terrestre présente une ligne de rupture, on reconnaît une chaîne de volcans et d’ouvertures fournissant temporairement de la lave qui refait, en se solidifiant, une soudure à la fente du terrain, connue quand l’eau qui s’élève au-dessus de la glace brisée d’un étang vient à se geler elle-même. Il est à remarquer que la nature de cette lave est partout identique, comme il convient à la substance fluide dont le globe est formé à l’intérieur. Ce qui vient d’être dit répond donc à deux des plus important chapitres de la physique du globe, savoir les tremblemens de terre et les volcans, sans compter la cause bien simple des eaux thermales.

Enfin, sans recourir à ces grandes crises de notre globe, heureusement fort rares dans ce pays, nous voyons la mobilité du sol se trahir par le soulèvement considérable et continu des côtes de la Baltique. En France, sur l’Atlantique, j’ai constaté ce soulèvement graduel depuis Calais jusqu’à Bayonne. Les anciens marais salans de l’Aunis cessent de recevoir la mer par suite de l’élévation du terrain, qui fait dire à tort que la mer se retire. À Rochefort, les cales de construction des vaisseaux qui ont été placées du temps de Louis XIV sont maintenant à un mètre au-dessus de celles qui ont été établies de nos jours. Plusieurs îles, et notamment celle de Noirmoutiers, feront dans peu partie du continent, tandis qu’au temps d’Henri IV une mer agitée rendait le passage en bateau périlleux sur ces points. En d’autres localités, le sol s’abaisse et plonge de plus en plus dans la mer, comme on l’observe en Grèce, dans l’Inde et en quelques endroits de la côte occidentale de l’Italie.

Jusqu’ici nous n’avons aucun instrument bien précis pour rendre manifestes les mouvemens du sol qui nous porte. Quand nous en aurons un, il est probable qui, outre les secousses accidentelles et considérables des couches intérieures du monde, il ne se passera pas une saison, une position du soleil et de la lune agissant sur les marées, amenant un léger changement dans la forme extérieure du globe, qu’elle nous en donne de précieuses indications. M. d’Abbadie, correspondant de l’Institut à Urrugnes, au sud-ouest de la France, établit, à grands frais de science, d’argent et d’activité observatrice, un magnifique instrument qui nous révélera bien des mystères de la terre intérieure. Attendons. Newton disait : « Si Barrow avait vécu, nous saurions. » Or M. d’Abbadie est jeune, plein de zèle scientifique et d’expérience consommée. Attendons et espérons.

J’ai choisi à dessein, parmi les résultats de la science qui se rapportent