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s’habillent invariablement de vêtemens blancs. La nature et l’expérience leur donnent les meilleurs préservatifs contre la perte de la chaleur. Dans les zones plus tempérées, les pelages et les habits sont plus variés. Déjà en Espagne la race à cheveux noirs domine exclusivement ; les habits du peuple y sont de couleur foncée, pour ne pas concentrer la chaleur du corps et lui laisser une issue facile. Enfin, pour les races noires de l’Afrique intertropicale, la nature a semblé vouloir permettre le plus possible la sortie de la chaleur intérieure du corps. Il est vrai de dire que, par là même, un nègre exposé aux rayons directs du soleil souffre plus qu’un blanc, parce que sa peau noire laisse un plus facile accès aux rayons calorifiques du soleil ; mais c’est à lui de chercher un abri, tandis que s’il eût été blanc, il eût succombé à la chaleur concentrée produite par l’action vitale et retenue par l’obstacle de sa peau blanche.

Je n’ai pas besoin de dire que ce qui arriverait à ce nègre blanchi par hypothèse arrive malheureusement à un nombre infini de vrais blancs, pour lesquels le climat trop chaud des tropiques est mortel. On m’a souvent fait la question : Quel est le meilleur, d’un vêtement blanc ou d’un vêtement noir ? C’est selon la circonstance. Voulez-vous voyager en plein air ? prenez un vêtement blanc, comme le font les nègres, pour éviter la pénétration des rayons directs du soleil. Saussure conseille au voyageur observateur des habits de couleur claire, qui le jour ne laissent point trop pénétrer la chaleur du soleil et qui la nuit conservent la chaleur du corps. En un mot, le blanc habille plus, c’est-à-dire isole davantage le corps du chaud et du froid extérieur. Par contre, tout homme qui, le soir d’un jour chaud, voudra goûter la fraîcheur d’une nuit étoilée devra s’envelopper de vêtemens légers et noirs ; mais gare les rhumatismes nerveux, fléau des climats excessifs ! La plupart des Orientaux, Arabes, Persans, Turcs du midi, comme les Marocains et les Espagnols mêmes, préfèrent, par des masses de vêtemens ou par de vastes manteaux, s’isoler de l’air extérieur ou chaud ou froid, et je pense qu’ils ont raison. « Ce qui garantit du froid, disent nos voisins du midi, garantit tout aussi bien de la chaleur. » Si les casques de nos intrépides pompiers n’étaient pas brillans, s’ils étaient teints en noir, ils s’échaufferaient d’une manière fatale au rayonnement des incendies. Les Romains avaient déjà remarqué qu’on se brûle en touchant une barre de fer noir échauffée par les rayons d’un soleil d’été ; je noterai que, sans le fait de la brûlure, ils auraient peu remarqué cet effet physique.

Par une particularité des plus curieuses, tandis que les rayons de chaleur du soleil traversent nos vitres et en rendent l’usage impossible dans les climats chauds, les rayons de chaleur terrestre sont arrêtés par le verre. Ainsi, quand au printemps un jardinier habile