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Le cercueil vide est là, couronné d’immortelle.
Oh ! celle que mon maître aimait, où donc est-elle ?…
Chut ! Près du coffre noir voici le chevalier.
Perdu d’esprit, sans cesse il y revient prier.
On dit la messe. »

Hélas ! une messe funèbre,
Et comme rarement une église en célèbre.
Point de chants, des sanglots ; mais, debout à l’autel,
Quand le prêtre élevait le froment immortel,
Un cri part de la nef, et le jeune homme embrasse
Un ruban qui sortait des fentes de la châsse ;
Puis, levant le couvercle ; il montre tout en pleurs
La vierge dont la main tient un bouquet de fleurs :
Elle semblait dormir sous cette froide planche ;
Douce comme ses fleurs, comme elles pure et blanche.
Ainsi, dans son danger, sans chercher d’autre lieu.
Son asile certain fut la maison de Dieu ;
Et le triste bouquet peut-être à la colombe
Indiqua l’autre abri qui dut être sa tombe !
Mais au coffre fatal qui devait l’engloutir
Sans peur elle est entrée et pour n’en plus sortir ;
Ou, malgré ses efforts, le couvercle rebelle
Impérieusement se ferma-t-il sur elle ?
Mystère où chaque esprit se perdait confondu !
De l’autel cependant le prêtre descendu,
Au cercueil qui l’attend fait déposer la vierge ;
Aux quatre angles l’amant place lui-même un cierge ;
Puis, sentant d’ici-bas son âme s’en aller ;
Dans un hymen céleste il voulut l’exhaler :
Dans sa main déjà froide il prit la main glacée,
Et, calme, il trépassa près de la trépassée.

IV.


Aux cœurs bien aimans nos regrets.
Telle fut à vingt ans leur couche nuptiale ;
La Mort seule en fit les apprêts.
Pour rappeler leurs noms, la pierre sépulcrale
Montrait entrelacés une rose, un cyprès.


II.


L’ÉOSTIK OU LE ROSSIGNOL.
Tiré du Barzaz-Breiz et de Marie de France.

xiiie siècle.

à m. auguste le prévost.


I.


Ses mains sur sa figure, une jeune épousée,
Un jour, dans Saint-Malo, pleurait à sa croisée :