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QUESTION


DES SUBSISTANCES




DU TARIF DES BESTIAUX.




Un décret du 14 septembre a réduit dans une proportion très considérable le tarif d’entrée des bestiaux étrangers et des viandes salées. D’après les termes mêmes du décret, cette mesure paraît n’avoir été prise qu’à titre temporaire, en vue de la crise des subsistances. Par la suppression de tous droits sur les céréales, le gouvernement avait déjà facilité, autant qu’il était en lui, l’arrivage des grains du dehors destinés à combler le déficit présumé de la récolte ; par la réduction du tarif sur les bestiaux, il veut prévenir la hausse qui se serait inévitablement produite dans le prix de la viande, car la raison et l’expérience démontrent que le cours de toutes les denrées alimentaires se règle sur celui du blé.

Lors de la crise de 1847, le gouvernement s’était borné à suspendre l’action du tarif à l’égard des céréales étrangères, et encore ne s’y était-il résolu que tardivement. Quant au tarif des bestiaux, il lui eût été bien difficile de le modifier ; les passions protectionistes étaient à cette époque trop violemment excitées. Le gouvernement actuel a pu procéder avec plus de promptitude et de vigueur. En présence d’une récolte que les renseignemens officiels et les vives préoccupations de l’opinion publique annonçaient devoir être insuffisante, il est allé droit au but : il a laissé toute latitude au commerce en abaissant les barrières de douanes.

Cette politique est très naturelle, et au premier abord beaucoup d’esprits ne s’expliqueront pas qu’elle puisse paraître hardie. Quoi de plus simple, en effet, que de pourvoir, par tous les moyens, à l’approvisionnement du pays et de faire appel aux denrées alimentaires de l’étranger, lorsque la production intérieure fait défaut à la consommation ? Cependant le système protecteur, sur lequel repose notre législation économique, n’admet pas toujours cette simplicité, et il s’écarte parfois du naturel. Ainsi les partisans absolus