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l’extrémité sud de cette presqu’île longue et étroite qui s’étend entre le canal de Bristol et la Manche. C’est un amas de montagnes généralement stériles, et dont le tiers environ a résisté jusqu’ici à la culture. Cependant, comme il doit à sa position presque insulaire un climat particulièrement doux, notamment sur la côte occidentale, l’agriculture y est plus avancée et plus productive qu’on ne pourrait s’y attendre. La population y est aussi infiniment plus dense. que dans les contrées analogues de la France : on y compte environ 340,000 habitans sur 340,000 hectares, ou une tête humaine par hectare, ce qui est énorme pour un sol aussi ingrat, mais il s’en faut de beaucoup que toute cette population vive de l’agriculture. Les mines d’étain et de cuivre du Cornwall occupent un nombre considérable d’ouvriers; une autre industrie, celle de la pêche, emploie à son tour beaucoup de bras; l’agriculture n’a guère que le troisième rang parmi les travaux et les richesses du comté. On sent à chaque pas, dans la culture de ce district, naturellement sauvage et reculé, les heureux effets du voisinage de l’industrie. La rente de ces mauvaises terres a monté jusqu’à 50 ou 60 francs l’hectare en moyenne. La pomme de terre est la culture dominante, les sols légers des pays montagneux étant éminemment favorables à la production de ce tubercule.


II.

Ici finit la région du sud. Passons maintenant la Tamise, et entrons dans la région de l’est. Le premier comté que nous rencontrons est celui de Middlesex, qui n’a, à proprement parler, aucune valeur agricole, car, outre qu’il est un des plus petits, n’ayant que 70,000 hectares environ, son territoire presque tout entier disparaît sous l’immense métropole de l’empire britannique.

Hors de la ville proprement dite, presque tout ce qui n’est pas en villas ou en jardins est en prairies naturelles ou artificielles, dont le foin se vend à Londres ou sert à alimenter les laiteries de la capitale. Le voisinage d’une aussi grande population fournit des quantités énormes de fumier qui renouvellent la fertilité du sol, épuisée par une incessante production. On s’accorde cependant assez généralement à reconnaître que la culture n’est pas aux environs de Londres tout ce qu’elle pourrait être. Quelque haute que soit la rente des terres cultivées, 125 francs en moyenne par hectare, elle ne dépasse, elle n’atteint même pas le taux où elle arrive sur d’autres points de l’Angleterre. L’état de l’agriculture dans les comtés environnans s’est fait sentir jusqu’aux portes du plus grand centre de consommation qui existe. L’étendue moyenne des fermes dans cette banlieue de