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précédentes, la production s’est élevée à 31 millions de kilogrammes, que se sont partagés l’Angleterre pour environ 18 millions, l’Autriche pour 7 millions, la France pour 5 millions. Le nom de M. Jumel est resté attaché au coton égyptien. Dans l’origine, cette espèce était classée au second rang par le commerce; mais, soit qu’il y ait actuellement négligence dans les manipulations, soit qu’on sacrifie volontairement la qualité à la quantité, le jumel a perdu beaucoup de sa réputation primitive.

On peut encore classer parmi les pays de grande production le Brésil, qui envoie à l’Europe environ 25 millions de kilogrammes d’une qualité très estimée. Le contingent des autres pays est insignifiant. Les Antilles et la Guyane anglaises, Haïti, Cuba, le Venezuela, le Pérou, la Turquie, la Russie, le Portugal, fourniraient à peine, en se réunissant, 6 millions de kilogrammes.

Estimons, en prenant pour type la dernière campagne, les quantités de cotons en laine mises actuellement à la disposition de l’industrie :


Pays producteurs Quantités en kilogramme Proportions par cent.
États-Unis d’Amérique 587,000,000 86 5
Indes orientales (pour les envois en Europe seulement) 30,000,000 4 3
Égypte 31,000,000 4
Brésil 25,000,000 3 7
Autres pays 6,000,000 9
Totaux 679,000,000 100 »

Les cotons arrivent à la vente sur les marchés du monde civilisé surchargés de frais de transport, d’assurances et de douanes. Dans ces conditions, la moyenne de leur prix commercial peut être évaluée à 1 fr. 80 c. le kilogramme, ce qui donne un total de 1 milliard 222 millions de francs; et comme le coût de cette matière première est au moins décuplé par la filature, le tissage et la coloration, on peut admettre que le genre humain consacre annuellement plus de 12 milliards à l’achat des cotonnades, sans même compter les dépenses qu’entraîne la consommation inconnue de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique centrale. Assurément le commerce du coton est le plus considérable du monde après celui des céréales, et cependant on serait bien douloureusement étonné, si l’on apprenait combien il reste de besoins à satisfaire, même en France.

Ici se présente naturellement à l’esprit la question capitale. Les quantités de coton actuellement produites sont-elles suffisantes ? Est-il à craindre que la matière première fasse défaut à l’industrie?