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fourrages. Ceux du petit village de Montpensier, voisin de Joinville et plus rapproché de Blida, avaient une ressource dont ils subsistaient presque tous : c’était le laitage. Montpensier pourrait être appelé la laiterie de Blida. Il se composait de 20 concessions, réparties entre 19 concessionnaires. 4 d’entre eux avaient jusqu’à 10 vaches; 3 autres en avaient 5 ou 6, et d’autres moins. Ces vaches donnaient en moyenne par jour de 3 à 5 litres de lait, qui se vendait à Blida 50 centimes le litre; on y payait le beurre 2 francs le demi-kilogramme. Ceux qui n’avaient pas de vaches, et ils étaient cinq ou six, travaillaient pour les autres concessionnaires, ou allaient faire des fagots dans la broussaille.

Dalmatie et Souma se trouvent de l’autre côté de Blida, vers l’est. Ils étaient la tête de la ligne qui devait se prolonger jusqu’au Fondouk, et qui aujourd’hui encore, malgré la fondation de l’Arbâ en 1848-40, est inachevée. Pendent opera interrupta. Dalmatie était un grand village de 300 habitans, dont 54 chefs de famille ou titulaires de concession. Le nombre des concessions même était de 56. Fondé un an après Joinville (septembre 1844), Dalmatie était cependant dans un état plus satisfaisant. Il avait eu une mauvaise année de moins à traverser, ce qui avait moins usé son courage, et en outre l’expérience fâcheuse de ses voisins l’avait sans doute tenu en garde contre les fascinations du renom qu’avait la terre des environs de Blida, et qui semblaient convier l’homme à s’épargner le soin d’aider cette terre à produire. La population de Dalmatie était laborieuse et paraissait satisfaite ; elle se plaignait seulement d’avoir été excitée à étendre ses cultures par le gouvernement, qui lui avait promis la quantité correspondante de semences, et qui ne lui en avait donné que 50 litres pour deux ou trois hectares de terres préparées.

Souma, plus éloigné de Blida, se trouvait plus isolé, plus réduit à lui-même; en outre, par suite de l’inachèvement de la ligne des villages et de la route qui devait les relier, il occupait le fond d’une impasse. Aussi avait-on ajouté aux 54 concessions qui composaient le gros du village deux grandes concessions de 100 hectares et quatre fermes qui formaient hameau entre Souma et Dalmatie. Malheureusement l’un des grands concessionnaires habitait Paris, et remplissait peu la mission qui lui était échue de répandre de l’argent sur ce territoire. D’autres se plaignaient beaucoup de l’administration, qui n’avait tenu aucune de ses promesses, et qui les ruinait en les paralysant. Souma était le dernier village fondé, il ne remontait qu’à 1845; mais il y avait dans sa population, comme dans celle de Dalmatie, quelques hommes d’énergie. Après des épreuves pénibles, ces hommes ont mis leurs affaires dans une voie brillante. La terre ne leur refusait rien; il ne fallait que savoir la mettre en œuvre.

Outre les villages de fondation administrative, la Melidja, dans son centre surtout, contient un grand nombre de fermes et de propriétés particulières; mais elle est bien loin cependant d’être peuplée et colonisée comme elle pourrait l’être dès à présent, comme elle te sera certainement un jour. Ce magnifique bassin s’étend en fer à cheval sur une superficie de 1,200 kilomètres carrés ou environ 120,000 hectares. Là-dessus on compte 14,503 hectares de terrains marécageux, dont 7,632 hectares de marais permanens. De grands travaux de dessèchement ont été déjà exécutés, mais pas toujours avec un soin judicieux. Dans un travail d’ensemble, on évaluait la dépense