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lois de la mécanique, de la physique et de la chimie des corps purement matériels. Et comme nous ne pouvons pas ramener les uns aux autres les phénomènes des êtres organisés et ceux des corps bruts, nous devons reconnaître dans la plante un principe nouveau, — la vie, l’organisme ou tel nom qu’on voudra lui donner, — pourvu qu’il soit bien admis que la plante contient deux principes distincts, la matière et la vie, et que tandis que le règne minéral ne contient qu’un seul principe, soumis aux lois physiques, la matière, — le règne végétal en contient deux, la matière et le principe vital, soumis à de tout autres lois.

Par le même raisonnement, nous reconnaîtrons que, comme il y a dans les animaux des particularités tout à fait étrangères aux végétaux, et entre autres le mouvement, la spontanéité, la volonté, qui ne permettent pas de les confondre avec les végétaux, nous devons admettre en eux un nouveau principe que j’appellerai la spontanéité, la volonté ou l’instinct. Ce principe devra faire reconnaître le règne animal comme distinct des deux autres tant qu’on n’aura pas fait un animal avec une plante ou donné les sens et la volonté à un arbre. Ainsi, dans le règne animal, trois principes élémentaires distincts, savoir : la substance matérielle, la vie, et l’instinct.

Existe-t-il un quatrième règne ? Évidemment oui. En effet, l’homme, par sa pensée, son intelligence, son âme, se sépare des animaux, et ce n’est pas seulement une différence en plus ou en moins comme dans les affections, les passions, les sensations, la mémoire, le jugement, que l’homme partage avec l’animal et qu’il ressent seulement dans un degré plus élevé, dans une sphère plus étendue. Tout le monde sent et convient qu’il y a dans la faculté pensante un principe que l’homme possède seul à l’exclusion de tous les animaux, et, répétant ce que je viens de dire pour la différence entre le règne végétal et le règne animal, tant qu’on n’aura pas réussi à donner l’intelligence à la brute, on devra reconnaître un principe à part dans l’homme, principe que nous nommerons intelligence, faculté pensante, âme, et qui fera de l’humanité entière un quatrième règne de la nature contenant quatre principes distincts, savoir : la substance matérielle, la vie ou l’organisation, l’instinct, enfin l’âme.

Nous n’avons point pour aujourd’hui à insister davantage sur la partie métaphysique du livre de M. de Humboldt, à fixer par exemple les limites que doit comprendre chaque branche des sciences d’observation. Ce sont là des questions qui veulent être étudiées à part, et il nous a suffi de poser quelques-uns des principes essentiels qui dominent cette partie théorique du Cosmos, dont le but est nettement indiqué dans les lignes suivantes : « Je crois avoir retracé, dit M. de Humboldt, dans sept chapitres qui forment une série de