Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/694

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES


BUVEURS D’EAU


SCENES DE LA VIE D’ARTISTE.




I.
FRANCIS.




Il existait, il y a quelques années, à Paris une petite société qui avait entrepris de rétablir dans la vie d’artiste les traditions de travail indépendant et sérieux qui vont se perdant de plus en plus. Le but était louable : on verra si les Buveurs d’eau (c’était le nom significatif qu’avaient pris les associés) ne se méprenaient point sur l’efficacité des moyens à employer pour l’atteindre. C’est leur histoire même qui va répondre. Les récits que nous voudrions en détacher pourront montrer la vie d’artiste dans quelques côtés peu familiers au public. À ceux qui acceptent cette vie par désoeuvrement ou par vanité, ils indiqueront plus d’un piège, plus d’un écueil caché sous les entraînemens de la vogue ou les séductions de l’industrie. À ceux qui ne reculent ni devant les salutaires lenteurs de l’étude ni devant les épreuves qu’elle impose, ils révèleront aussi le danger de certaines camaraderies qui ne sont le plus souvent que de stériles associations d’orgueils comprimés. Ecrits par une plume qui aurait l’autorité nécessaire, ces récits, où l’imagination du romancier s’efface nécessairement devant le souvenir et l’observation, pourraient, on le voit, contenir quelques enseignemens.