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ne dut-on regarder cette soumission que comme partielle. Nommés Afghans par les Persans, ils se désignent eux-mêmes par le nom de Poushtâneh ou Pousktawuh (parlant le poushtou), d’où les Hindoustânis ont fait le mot pathân, sous lequel les Afghans sont connus depuis des siècles dans l’Hinoustan. Cette race, plus remarquable par la vigueur de sa constitution physique que par son intelligence, a cependant donné des souverains à la Perse, à Balkh et à Dehly.

On ne sait rien des premières croyances religieuses des Afghans ; mais leur voisinage de Balkh et leurs antiques relations avec la Perse doivent faire présumer qu’ils étaient adorateurs du feu. Ils avaient envahi le territoire de L’Hindoustan, du côté du Pandjâb, dès l’an 63 de l’hégire ; mais, par suite d’un arrangement avec le radja de Lahore, ils renoncèrent à leurs entreprises dans cette direction, et bornèrent leurs excursions pendant longtemps à la vallée du bas Indus. Les Arabes cependant, en même temps qu’ils dirigeaient une première expédition contre Kaboul, avaient poussé une forte reconnaissance jusqu’à Moultân, d’où ils ramenèrent beaucoup de prisonniers. Une expédition plus importante, et qui eut des résultats plus durables, les rendit maîtres du Sindh en 711, après quoi Moultân tomba entre leurs mains. Ils pensèrent probablement à étendre leurs conquêtes dans le centre de l’Hindoustan ; mais ils rencontrèrent dans l’organisation, à la fois militaire et religieuse, du peuple hindou des obstacles plus sérieux que ceux qu’avait pu leur opposer la Perse, où la religion et le gouvernement ne se prêtaient aucun appui, Les prêtres des adorateurs du feu étaient sans influence sur le peuple et aussi méprisés des masses que les ministres du culte brahmanique étaient respectés de toutes les classes et intimement liés au gouvernement de leur pays. Aussi les musulmans, après une occupation de moins de quarante ans, furent-ils chassés des provinces qu’ils avaient conquises sur le bas Indus par la tribu radjpout de Souméra, et les Hindous s’y maintinrent pendant près de cinq siècles à dater de cette époque.

Les entreprises des Arabes sur un autre point eurent des conséquences d’une tout autre importance. Cinquante-cinq ans après la conquête de la Perse, ils traversèrent pour la première fois l’Oxus, et pénétrèrent dans le pays que l’histoire a désigné sous le nom de Transoxiane, et qu’ils nommèrent Mâwar oul Nahr (littéralement : au-delà de la rivière). Ils occupèrent d’abord Hissar, vis-à-vis de Balkh ; six ans après, ils étaient maîtres de Samarkand, de Bokhara et du royaume de Kharizm (aujourd’hui Khiva). Enfin, au bout de huit années et après une lutte souvent indécise avec les Tourks, ils avaient étendu leurs conquêtes sur le royaume de Ferghana (aujourd’hui le Kokan) et au-delà du Sirr [Iaxartès des anciens), jusqu’au