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L'EPOPEE


DES ANIMAUX.




I.


LA ZOOLOGIE FANTASTIQUE.


I. Le Bestiaire divin de Guillaume, clerc de Normandie, trouvère du XIIIe siècle, publié par M. Hippeau. – II. Le Physiologus, par MM. les abbés Charles Cahier et Arthur Martin. — III. Le Bestiaire maistre Richart de Fournival, Bibliothèque impériale, fonds La Vallière, n° 81.





C’est une croyance générale, et pour ainsi dire une tradition native des temps fabuleux, que l’homme et les animaux, aux premiers jours du monde, partageaient paisiblement entre eux l’empire de la terre. Les tigres, dans l’âge d’or, jouent avec les agneaux, et, sur les gazons du paradis terrestre, les lions et les ours forment un cortège inoffensif au père du genre humain. Les aboiemens du chien, léchant des oiseaux, le sifflement des reptiles, ne sont que les dialectes de cette langue universelle des premiers âges qui établit entre les êtres une communauté de rapports et d’idées. Les animaux parlent, et l’homme leur répond. La poésie célèbre cette fraternité de toutes les créatures dans la première jeunesse de la terre, et la science antique elle-même, par son représentant le plus illustre, par Aristote, admet entre l’homme et l’animal une parenté mystérieuse, « des facultés communes, des facultés voisines, des facultés analogues ; « quelquefois même elle admet la supériorité de ce dernier. « L’homme, dit en termes exprès le philosophe de Stagyre, a tantôt plus, tantôt moins que la bête, » et dans ces mots se trouve l’explication d’une