Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

occasion la bibliothèque du Collège des Indiens, où j’ai trouvé avec quelque plaisir et un peu de surprise une collection de la Revue des Deux Mondes. J’y ai trouvé aussi les grammaires de quatre langues du Mexique, qui m’ont paru différer plus ou moins de l’aztèque. La plus curieuse est l’othomi, parlée par des montagnards qui sont toujours représentés comme moins civilisés que les Aztèques. Cette langue, qui probablement fut celle d’une portion des habitans très anciennement établie dans le pays, est remarquable par un certain nombre de points de ressemblance assez frappans avec une langue qui ne ressemble à aucune autre, le chinois. En effet, comme le chinois, l’othomi est presque purement monosyllabique. Les mots sont en général dépourvus de toute flexion grammaticale; l’accentuation en change entièrement le sens, ce qui, comme on sait, est propre à la langue chinoise. « Leur langage, dit Herrera en parlant des Othomis, est fort grossier et bref. Une même chose étant proférée en hâte ou posément, haute ou basse, a diverses significations[1]. » Dans l’othomi ainsi que dans le chinois, le même terme peut être employé comme substantif, comme adjectif, comme verbe, et signifier tour à tour par exemple amour, aimant, aimer. Enfin un certain nombre de mots sont identiques ou extrêmement semblables dans les deux idiomes. Je sais qu’il ne faut pas donner une importance exagérée à ces ressemblances que le hasard peut produire. Ainsi, sans sortir du Mexique, teo veut dire Dieu en aztèque comme theos en grec, may (aimer) en othomi comme en égyptien, eria (aimer) en langue cahita comme eran en grec, et ces rapports accidentels ne prouvent rien. Cependant un certain nombre de termes semblables est un fait qu’on ne saurait négliger; la singularité même des mots chinois, si différens par leur caractère et leur aspect des mots usités dans tous les autres idiomes, donne plus de valeur aux rapprochemens qu’on peut établir entre cette langue et l’othomi.

Voici quelques exemples de mots qui sont identiques ou extrêmement semblables dans les deux langues :

¬¬¬

Chinois Othomi
Cesser Pa Pa
Je Ngo Nuga, nga.
Toi Ni Nuy
Lui Na Na (ec).
Médecin I I (remède)
Bonheur Ki Hi
Femme Niu Ntsu
Vieux Kou Ko
Grand Ta Da
  1. Herrera, 3e décade, liv. IV, chap. XIX.