Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Angleterre. Voilà la distance qui a été parcourue en si peu de temps. Si le point d’arrivée est ce qu’il y a en ce moment de plus parfait, le point de départ est ce qu’il avait au monde de plus pitoyable.

Toutes les fermes des Lothians sont bonnes à visiter. Je n’en citerai qu’une, celle de M. John Dickson, à quelques milles d’Edimbourg, formée de la réunion de trois anciennes fermes. Sa contenance est de 500 acres d’Ecosse[1] ou 257 hectares; elle est louée 5 liv. sterl. l’acre ou 243 francs l’hectare, soit en tout 62,450 francs. Cette ferme est une exception par son étendue; il y en a peu de ce genre dans les Lowlands; celles qui l’entourent ne sont pas aussi grandes pour la plupart, mais on retrouve partout les mêmes procédés, et il en est dans le nombre qui sont louées encore plus cher. Malgré ces loyers énormes, les fermiers des Lothians font très bien leurs affaires. Ils ont presque tous de jolies habitations, et quelle que soit la frugalité nationale, ils vivent au moins aussi bien que beaucoup de nos propriétaires, même les plus aisés. Les salaires profitent comme à l’ordinaire de la richesse commune; ils sont payés moitié en argent, moitié en nature, et s’élèvent en tout à 2 fr. ou 2 fr. 50 cent, par jour.

Je comprends, avec les Lothians proprement dits, pour former 500,000 hectares, toutes les plaines qui s’étendent le long de la mer, de Berwick à Dundee, non-seulement au sud, mais au nord du golfe du Forth, même celles qui vont au-delà de Perth et qu’on appelle le carse de Gowrie. C’est le quinzième environ de l’étendue totale de l’Ecosse et moins du septième des Lowlands. Nous avons vu qu’une étendue égale était couverte par les montagnes des frontières. Les 2,800,000 hectares restans forment la région intermédiaire, qui n’est ni aussi riche que les Lothians ni aussi rude que les Borders. La rente moyenne s’y élève à 25 francs environ par hectare, et la principale industrie est l’élève du gros bétail.

De ce nombre est d’abord la contrée spéciale qui a reçu le nom de Galloway, chemin des Gallois ou des Celtes, parce qu’elle forme une presqu’île au sud-ouest de l’Ecosse, qui semble aller au-devant des pays de Galles et de l’Irlande, et par où des migrations de Celtes sont arrivées dans tous les temps. Elle comprend les deux comtés de Wigton et de Kirkudbright, et une portion de ceux d’Ayr et de Durafries. La surface est tout entrecoupée de ce que les Anglais appellent hills, hauteurs, qui ne sont ni des montagnes proprement dites, ni de simples collines. Le climat est extrêmement humide, comme celui du Cumberland, dont le Galloway n’est séparé que par un golfe. Le sol produit naturellement une herbe plus abondante et meilleure que celle des montagnes voisines. On y trouve quelques fermes à céréales, mais la culture proprement dite tend plutôt à reculer qu’à

  1. L’acre d’Ecosse vaut 51 ares 41 centiares.