Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la faculté et le pouvoir de la leur communiquer sous votre autorité et en notre nom[1]. »

Afin que François Ier pût gagner l’archevêque de Mayence par l’appât d’un titre qu’il désirait ardemment, Léon X s’engagea, s’il donnait sa voix à ce prince, à le faire son légat perpétuel en Allemagne. Il écrivit lui-même à l’ambitieux archi-chancelier de l’empire que, son devoir pastoral lui prescrivant de veiller au salut de la chrétienté prête à périr, il souhaitait qu’on opposât, en un si grand danger, le plus puissant de ses monarques au plus formidable de ses ennemis. Il l’invitait donc à élire le roi de France, et il ajoutait : « Nous avons autorisé notre très cher fils en Christ, François, roi très chrétien, à vous promettre de notre part tout ce qui peut servir à élever et à agrandir votre dignité, principalement comme notre légat en Germanie. Les promesses qui vous auront été faites touchant cette légation, nous nous engageons aujourd’hui envers vous, et sur la parole d’un vrai pontife romain, à les observer, lorsque le but convenu et désiré sera atteint[2]. »

Léon X expédia à François Ier les bulles qui devaient être montrées aux trois archevêques et qui contenaient leurs nominations conditionnelles. Il fit encore passer par ses mains des brefs adressés à tous les électeurs, et dans lesquels il excluait formellement de l’empire le roi catholique, en sa qualité de roi de Naples. Il instruisit de ses intentions le cardinal de Saint-Sixte et l’archevêque de Reggio, avec lesquels il entretint des communications promptes et réglées, en établissant entre Rome et Francfort des postes qui passaient par Inspruck et le Tyrol. Il les chargea de recommander en particulier le roi très chrétien aux suffrages des électeurs. Son avis semblait surtout devoir être d’un grand poids sur les déterminations des trois princes que leur caractère religieux rattachait plus étroitement au chef de l’église, et qu’il tentait par des offres si capables de les séduire.


VI.

François Ier était sur le point de réussir. Les partisans les plus zélés du roi catholique le craignirent : ils considérèrent la candidature de ce dernier comme désespérée, et ils songèrent à en produire une autre qui pût empêcher l’élection de son rival. Ils jetèrent les yeux sur son frère Ferdinand, qui était archiduc d’Autriche, et qui ne rencontrerait ni l’opposition du pape, dont il était indépendant, ni la tiédeur des Allemands, au milieu desquels il fixerait sa résidence.

  1. Bref du 12 mars 1519. L’original sur parchemin. Archives, carton J. 952, pièce 10.
  2. Bref du 14 mars. L’original sur parchemin. Ibid., carton J. 952, pièce 5.