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engagée et qu’il faisait preuve de la plus grande libéralité à leur égard. Il l’invita donc à demeurer ferme et à décider l’électeur palatin à agir dans le même sens qu’eux, comme il se chargeait de le persuader de son côté à l’électeur de Cologne. Il assura que, pour lui, il ne changerait jamais plus de sentimens[1].

Les exhortations du margrave ne furent pas sans effet sur l’esprit mobile de l’archevêque de Mayence : elles l’ébranlèrent encore une fois. Aussi, lorsque, vers la fin de mars, Armerstorff retourna auprès de lui avec la ratification du dernier arrangement que le roi catholique s’était hâté d’envoyer, il ne trouva plus l’archevêque disposé à le maintenir. Il redoubla d’efforts pour le ramener, et à la fin il triompha de ses nouvelles hésitations en lui accordant des avantages plus considérables[2]. J’ai honte de sa honte, écrivait-il[3]. Il ajouta toutefois que l’archevêque rachetait ses variations et ses exigences par l’activité de ses démarches auprès des autres électeurs.


VII.

En effet, cette sixième détermination fut la dernière de la part de l’archevêque. Il se rendit pour la faire prévaloir à Ober-Wesel, près de Cologne, où les quatre électeurs des bords du Rhin devaient se réunir depuis quelque temps pour prendre des mesures communes contre les dangers dont les troubles croissans de l’interrègne menaçaient leurs états. Il descendit le Rhin, conduisant sur son propre bateau Armerstorff et Ziegler. Il eut toutes les peines du monde à empêcher le violent Armerstorff de faire attaquer le légat et l’archevêque Orsini, dont le bateau suivait de près le sien, et qui allaient continuer à Wesel les sollicitations commencées en faveur de François Ier à Mayence[4].

Le comte palatin, les électeurs de Mayence, de Cologne, de Trêves, arrivèrent à Wesel le 28 mars. Ils y conclurent le 3 avril un traité réciproque d’union et de défense qui devait durer jusqu’à l’élection d’un nouveau roi des Romains. Ils s’y engagèrent à ne rien faire sans le consentement les uns des autres et que d’un accord unanime[5]. Pendant les six jours qu’ils passèrent à Wesel, ils furent entourés, priés, pressés par les agens des deux monarques rivaux.

  1. Lettre latine de Joachim de Moltzan à François Ier, du 12 mars 1519. L’original mss. Dupuy, vol. 264, f° 1.
  2. Lettre d’Armerstorff à Marguerite d’Autriche, du 26 mars 1519. — Le Glay, Négociations, etc., vol. II, p. 376.
  3. Lettre d’Armerstorff au roi de Castille, du 2 avril. Archives de Lille.
  4. Post-scriptum de la lettre d’Armerstorff à Marguerite d’Autriche, du 26 mars. — Le Glay, Négociations, etc., vol. II, p. 877.
  5. Dumont, Corps dipl., vol. IV, part. I, p. 283.