Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/862

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par des alignemens. La biographie des astronomes nous fournit plusieurs exemples de vocations astronomiques écloses à l’occasion d’observations fortuites. Espérons que la contemplation du ciel, provoquée par nos conseils, nous vaudra quelque Herschel ou quelque Lassel pour prendre part aux innombrables travaux de la science des astres.

BABINET, de l'Institut

LE CHEVAL BARBE.

Nous avons entendu dire souvent que le cheval de nos possessions africaines, dont nous avons essayé de faire apprécier les rares qualités, était bien inférieur au cheval arabe. Malgré une conviction fondée sur une longue expérience et de sérieuses études, nous nous sommes fait un devoir d’accueillir et de discuter une opinion qui se produisait avec autorité. Nous avons voulu prendre pour arbitre dans cette question un homme que son intelligence, ses habitudes, sa vie tout entière, rendent souverainement compétent en matière chevaline : l’émir Abd-el-Kader. Nous avons adressé à cet homme de cheval par excellence une lettre où nous exprimions franchement les objections que chacune de nos assertions rencontrait. C’est la réponse à cette lettre que nous publions aujourd’hui. On verra par ce curieux document que l’émir ne se borne pas à confirmer ce que nous avons avancé, qu’il développe, par des réflexions ou par des faits, toutes nos opinions. Suivant lui, le cheval berbère, loin d’être une dégénérescence du cheval arabe, lui serait au contraire supérieur. Les Berbères auraient autrefois occupé, la Palestine, c’est là qu’ils auraient élevé ce cheval qui est devenu le modèle des chevaux de guerre. Amenés en Afrique par les vicissitudes de leur vie aventureuse, ils y auraient soigneusement conservé l’hôte de leurs tentes, l’instrument de leurs chasses, le compagnon de leurs combats. Leurs chevaux auraient gardé des qualités si éminentes, qu’un souverain d’Asie engagé dans une guerre périlleuse aurait fait venir des coursiers berbères. Le lecteur appréciera la valeur de cette dissertation historique, qui, quelle que soit la manière dont on la juge, n’en a pas moins un incontestable intérêt.

Ce qui est certain, c’est que le cheval barbe doit au ciel sous lequel il se développe, à l’éducation qu’il reçoit, à la nourriture qu’on lui donne, aux fatigues qui lui sont familières, une vigueur qui lui permet d’égaler, sinon de surpasser les chevaux les plus vantés de la Perse et de la Syrie. Appuyé sur la lettre que nous publions, nous nous croyons donc fondé à répéter aujourd’hui que tous les chevaux de l’Afrique et de l’Asie peuvent être confondus sous une dénomination commune. Nous opposons au cheval européen un seul cheval, le cheval d’Orient, que, grâce à la conquête de l’Algérie, nous croyons appelé à rendre chaque jour à notre pays des services plus efficaces et mieux appréciés.

Voici la lettre de l’émir Abd-el-Kader ; elle m’est parvenue de Brousse :

« Louange au Dieu unique ! son règne seul est éternel !

« Que le salut le plus complet et la bienveillance divine la plus parfaite soient étendus sur la personne de M. le général Damnas, de celui qui cherche