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Alexandre amenait avec lui, pour prendre part aux conférences, MM. de Nesselrode et Capodistrias ; M. de Metternich devait y représenter l’Autriche ; le chancelier prussien prince de Hardenberg était assisté du comte de bernstorff, appelé tout récemment à la direction du département des affaires étrangères ; lord Castlereagh et le duc de Wellington étaient munis des pouvoirs de l’Angleterre ; enfin le duc de Richelieu se transporta aussi sur le théâtre où l’on allait décider du sort de la France, ou plutôt proclamer la décision déjà rendue. Pour empêcher que cette réunion n’excitât la jalousie et la défiance des autres états, encore peu habitués à voir les gouvernemens principaux s’ériger en une sorte d’oligarchie politique investie, pour ainsi dire, du droit de représenter l’Europe, on avait eu soin de leur faire expliquer qu’il ne s’agissait pas d’un congrès proprement dit, qu’on ne s’occuperait, suivant toute apparence, que d’une seule question, celle de l’évacuation de la France, et que dès lors les puissances qui n’avaient pas pris une part directe au traité de Paris n’avaient aucune raison de désirer prendre part aux délibérations.

Les conférences s’ouvrirent le 30 septembre 1818. Dès la troisième, qui eut lieu le 2 octobre, le principe de l’évacuation fut résolu à l’unanimité. Le 9, une convention fut signée entre les ministres des quatre cours et le duc de Richelieu. Elle portait que les troupes composant l’armée d’occupation quitteraient, le 30 novembre, le territoire français, et elle réglait avec beaucoup de détails la forme et les termes des paiemens que la France avait encore à faire aux alliés.

Le 1er novembre, les plénipotentiaires de l’Autriche, de la Grande-Bretagne, de la Prusse et de la Russie remirent au duc de Richelieu une note qui avait pour objet de constater les motifs et la portée de cette convention. Il y était dit que « l’état intérieur de la France, ayant été depuis longtemps le sujet des méditations des cabinets, et les plénipotentiaires réunis à Aix-la-Chapelle s’étant mutuellement communiqué les opinions qu’ils s’étaient formées à cet égard, les augustes souverains, après les avoir pesées dans leur sagesse, avaient reconnu avec satisfaction que l’ordre de choses heureusement établi en France par la restauration de la monarchie légitime et constitutionnelle, et le succès qui avait couronné jusqu’alors les soins paternels de sa majesté très chrétienne, justifiaient pleinement l’espoir d’un affermissement progressif de cet ordre de choses si essentiel pour le repos et la prospérité de la France et si étroitement lié à tous les intérêts de l’Europe ; » qu’aucun doute ne pouvant plus subsister quant à l’exécution des engagemens pris par la France, « leurs majestés impériales et royales s’étaient félicitées de n’avoir plus qu’à écouter les sentimens et les vœux personnels qui les portaient à mettre un terme à une mesure que des circonstances funestes