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NEGOCIATIONS COMMERCIALES


DE LA FRANCE AVEC LA BELGIQUE.





La Belgique occupe sur la carte de l’Europe un territoire peu étendu ; sa population dépassée peine quatre millions d’âmes. Cependant son alliance a un grand prix pour nous. C’est la France qui a le plus énergiquement contribué, dans la conférence de Londres, à constituer le royaume belge ; il est donc naturel qu’elle tienne à consolider son œuvre. En outre, la Belgique est située sur notre frontière la plus vulnérable, qu’elle couvre de sa neutralité, proclamée par le droit public européen. S’il est vrai que cette neutralité ait été reconnue par les grandes puissances comme une garantie contre nous, elle nous donne également, en cas de guerre européenne, un gave de sécurité et un élément de défense. Enfin la Belgique est un pays où la production et la consommation ont atteint un développement très remarquable ; elle figure au troisième rang parmi les peuples avec lesquels nous entretenons des relations de commerce. À ces divers titres, au point de vue politique comme au point de vue commercial, une alliance étroite est également nécessaire à la prospérité des deux pays.

La royauté de 1830 avait sainement compris, dès l’origine, ce grand intérêt. Lorsque la révolution de 1848 eut brisé les liens de famille qui unissaient les deux couronnes, les considérations politiques et commerciales, échappant à la mobilité des passions révolutionnaires, conservèrent toute leur influence. Sin dans le courant de 1852, les gouvernemens de France et de Belgique se virent entraînés à échanger quelques vives paroles, les conseils de la paix ne tardèrent point à prévaloir, et la conclusion récente d’un traité de commerce, signé à Bruxelles le 27 février 1854, vient d’effacer les traces de ces difficultés passagères.