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LES


COTES DE NORMANDIE





LA BAIE DE LA SEINE.





Mare sævum, imporinosum.
(SALL, Jugurtha.)


Les marins donnent le nom de baie de la Seine à la vaste échancrure qui s’enfonce entre les côtes de Normandie, au sud d’une ligne droite tirée du point le plus saillant des falaises du pays de Caux à l’angle nord-est de la presqu’île du Cotentin, c’est-à-dire du cap d’Antifer à la pointe de Barfleur[1]. La baie a 104 kilomètres d’ouverture, 45 de profondeur, et 200 de développement de côtes. La Touque, l’Orne, la Vire, y descendent du sud; la Seine s’y jette à l’est. Le cap de La Hève et la pointe de Beuzeval sont considérés, malgré la distance de 24 kilomètres qui les sépare et la salure des eaux qui les baignent, comme les limites de son embouchure. Les dépôts terreux qu’elle apporte à la mer forment en dedans de l’alignement de ces deux caps des hauts fonds que les grands navires ne franchissent qu’à l’aide des marées, et cette circonstance établit, aux yeux des gens de mer, entre le domaine de la navigation maritime et celui de la navigation fluviale une démarcation à laquelle il est naturel de se conformer ici.

La nature n’a point traité la côte qui s’étend de l’embouchure de la Seine à la pointe de Harfleur avec la même faveur que la côte

  1. Voyez deux autres études sur ces côtes, les Falaises de Normandie, dans la livraison du 15 juin 1848, et les Côtes de la Manche, dans celle du 1er juillet 1851.