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LES SAISONS
POÈME


I.

L’ABEILLE.

Sur la ruche qui dort, Avril au doigt vermeil
Frappe, et le jeune essaim respire, à son réveil,
La fraîche odeur des sèves ;
Il s’envole et murmure à travers les pruniers,
Et le même soleil, dans les cœurs printaniers.
Fait bourdonner les rêves.

Pars, diligente abeille, et choisis bien tes fleurs !
À l’appel des parfums et des vives couleurs
Tu peux fuir ta cellule ;
Car un dieu te conseille, et tu sais éviter
Ces beaux fruits venimeux qui se font récolter
Par notre main crédule.

Vienne un guide aussi sûr diriger ton essor,
Enfant, qui vers la rose et vers le bouton d’or
Veux t’envoler si vite !
Sache imiter l’abeille et les oiseaux du ciel ;
Et puisses-tu, comme eux, ne trouver que du miel
Dans la fleur qui t’invite !