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ADAH.

Hier, je l’ai reconnu sans l’avoir vu jamais !
A travers les taillis j’ai surpris son visage.
C’est le bel étranger que dès longtemps j’aimais ;
Mon cœur m’a dit son nom et montré son visage.

Il vient ! ces prés en fleurs se sont parés pour lui.
Comme l’air est plus pur, quel beau soleil se lève !
Avant ces doux rayons je n’existais qu’en rêve ;
Je me sens vivre enfin à partir d’aujourd’hui.


FLEURS DES PRÉS.

Viens consulter les marguerites,
Oracles des fraîches amours.
Toutes les pages de vos jours
Dans les fleurs des prés sont écrites.
Viens consulter les marguerites.

Viens nous cueillir comme autrefois,
Et tresser de blanches couronnes
Pour parer le front des Madones.
Assise encore au bord des bois,
Viens nous cueillir comme autrefois.

A nos prés nous restons fidèles.
Sans folle envie et sans dédains ;
Nous ne rêvons pas les jardins
Où nos fleurs deviendraient plus belles.
A nos prés nous restons fidèles.


ADAH.

Dans le vallon natal cueillons toutes nos fleurs ;
Où trouverais-je ailleurs les trésors qu’il rassemble ?
C’est là que j’ai connu mes plus chères douleurs ;
C’est là qu’il faut s’aimer, qu’il faut vieillir ensemble.

Oh ! quel charme, avec vous, de longer ces buissons,
De nous pencher tous deux sur les nids sans défense,
Et de vous voir sourire à ces mêmes chansons
Dont ma mère, en filant, a bercé mon enfance !

Qu’il est bon de mêler ainsi tous ses amours.
Avec ma mère et vous d’habiter sous ce chaume !