Veux-tu me faire un plaisir ?
Certainement, monseigneur. (À part.) Il va me demander quelque chose d’horrible. Mon âme va y passer.
Prends cette table, et porte-la de l’autre côté.
Oui, monseigneur, (À part.) C’est une table magique… gare ! (Il prend la table avec inquiétude ; François ouvre les deux battans de la porte du fond ; Yvonnet dépose la table au dehors, et revient.)
Et maintenant, Yvonnet…
Monseigneur ? (À part.) Aïe ! Voilà le paquet !
Assieds-toi là, et repose-toi. (Yvonnet obéit avec anxiété. François le regarde gravement, Yvonnet est fasciné. Silence. Tableau. — Puis la porte latérale s’ouvre : Hector paraît, précédant, le flambeau à la main, et avec l’air du plus profond respect, mademoiselle Aurore de Kerdic.)
Scène VIII.
Ah ! le voilà maté, l’homme terrible ! (S’approchant du vicomte.) Eh bien ! monsieur, vous en tenez cette fois… Quand je vous le disais… je suis Bas-Breton… et si vous saviez comme Merlin m’a traité… Ah ! monsieur !… Quel indigne vieillard !
Tais-toi. (Il prend son manteau dans un coin, et avançant gravement vers mademoiselle de Kerdic, il lui fait un profond salut ; puis il accomplit avec la même gravité la même cérémonie vis-à-vis de François : Yvonnet le suit pas à pas, imitant après lui chacun de ses mouvemens ; après quoi, tous deux sortent par le fond, Yvonnet trottinant derrière son maître, et se retournant pour saluer encore. — Mademoiselle de Kerdic et François se regardent en riant.)
Scène IX.
C’est lui !… Il était temps. (Le comte, sa lanterne à la main, et couvert du manteau tout mouillé par la neige, entre par le fond à droite.) Ah ! mon Dieu ! comme vous voilà fait ! Vous avez l’air d’une cascade ! (Elle l’aide à se débarrasser.) Chauffez-vous vite !
Ouf ! j’en ai besoin. (Il s’adosse à la cheminée.) Je vous dirai, mademoiselle, que j’ai laissé notre malade en train de s’endormir très-gentiment.