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d’Aix. Cet archevêque était, par son titre, président-né de l’assemblée des communautés. Pendant de longues années, le cardinal de Grimaldi, archevêque d’Aix, s’était dispensé de paraître à l’assemblée, et en avait abandonné la présidence à l’archevêque d’Arles, François-Adhémar de Monteil de Grignan, frère cadet du comte de Grignan, En 1687, l’évêque de Die, Daniel de Cosnac, fut nommé archevêque d’Aix, et revendiqua immédiatement son droit de présider l’assemblée. Le comte de Grignan ayant protesté en faveur de son frère, l’affaire fut portée au conseil du roi et décidée en faveur de M, de Cosnac. Froissé de cette décision, par suite de laquelle il aurait siégé sur un simple banc, tandis que l’archevêque d’Aix aurait occupé le fauteuil, l’archevêque d’Arles cessa de venir à l’assemblée, au grand déplaisir de son frère et de Mme de Sévigné, qui écrivit à sa fille : « Je trouve comme vous qu’il faut être pointilleux pour être blessé d’un petit morceau de bois sur un banc, qui fait la différence des places, qui ne tombe ni sur la personne ni sur le nom, et qui n’est fondée, dans cette assemblée seulement et pendant quelques jours, que sur les rangs de l’archevêque d’Aix et de l’archevêque d’Arles… M. d’Arles me mande que cela n’était bon que pour M. de Grignan ; je ne veux que cela pour le confondre. N’est-ce donc rien que d’être bon à son aîné dans une place comme celle-là ? Il n’aura qu’à voir combien cela fera plaisir à M. d’Aix, pour juger combien cela est mauvais à M. de Grignan, Et depuis quand un Grignan compte-t-il pour rien d’être utile à sa maison ? » En même temps le nouvel archevêque d’Aix obtint d’être chargé de faire exécuter toutes les délibérations prises par l’assemblée, et un arrêt du conseil lui donna la signature de tous les mandats payables par le trésorier de la province. L’impassible Dangeau a constaté ces luttes dans un article de son Journal, à la date du 17 août 1688 : « M. L’archevêque d’Aix a gagné un grand procès contre toute la Provence. On ne délivrera aucun mandat qui ne soit signé de lui, et, dans les assemblées de la province, il aura un fauteuil, et les autres archevêques et évêques seront sur un banc. Il vouloit être traité de monseigneur par les députés de l’assemblée, mais il n’a pas gagné cet article. » Au surplus, le démêlé du comte de Grignan avec l’archevêque d’Aix n’eut qu’une courte durée. L’affaire une fois réglée, le nuage se dissipa. Quant à l’archevêque, il refusa généreusement une gratification de 3,000 liv. Il laquelle il aurait pu prétendre comme président de l’assemblée. À la vérité, une bonne abbaye le dédommagea amplement bientôt après[1].

Ainsi le lieutenant-général, le président et jusqu’aux délégués des

  1. Mémoires de Daniel de Cosnac, t. Ier, p. 83 et suiv. ; t. II, p. 132 et suiv.