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Qu’on se tourne vers ces deux points, vers l’Orient et vers l’Espagne : il y a donc un double problème qui touche aux intérêts les plus sérieux et les plus vivaces. Ici, comme nous le disions, c’est le problème des rapports, des alliances, de la sécurité de l’Occident ; là c’est le problème de l’organisation intérieure des peuples qui cherchent à concilier des institutions libérales avec l’autorité monarchique. La France a sa place au premier rang dans la première de ces questions ; elle a ses armées en Orient. Elle n’a point évidemment à interposer son action dans la mêlée des partis espagnols, La France ne peut intervenir en Espagne que par le spectacle de son histoire, par le souvenir de ses crises et l’enseignement qui en ressort. C’est une intervention qui a son éloquence et qui pourrait avoir son efficacité. De toutes ses révolutions, la France n’a pas même conservé des anniversaires, ce dernier reflet des événemens qui dure un jour par année, et qui se compose de feux d’artifice, d’illuminations et de réjouissances populaires. Le gouvernement actuel, on ne l’a pas oublié, a supprimé tous les anniversaires, même celui de sa naissance, pour ne laisser subsister que la fête du souverain, et elle était célébrée l’autre jour, le 15 août, comme le sont toutes les cérémonies publiques. Puisqu’il faut des fêtes populaires, les meilleures certainement, ce sont les plus inoffensives, celles qui ne rappellent aucune tragédie, aucun triomphe de guerre civile, aucune défaite de partis ou d’opinions. Il ne reste que ce sentiment invariable qui pousse le peuple vers les grandes réunions où on lui offre de temps à autre le spectacle d’une illumination merveilleuse.

On comprend du reste qu’aujourd’hui les actes politiques ou administratifs n’abondent pas. Le gouvernement cependant, même à cette heure de suspension universelle, ne laisse point de poursuivre une réforme entreprise depuis plusieurs années, celle des diverses parties de l’instruction publique. Professorat, méthodes, système d’études, régime intérieur des lycées, tous les élémens de renseignement se sont trouvés transformés. Une loi récente a modifié l’organisation académique établie par la loi de 1850, et l’organisation nouvelle vient de passer définitivement dans la pratique. Ces jours derniers enfin, la réforme atteignait à certains égards l’enseignement supérieur des facultés. Ce n’est point à la constitution même des facultés et à leur portée morale que touche ce décret nouveau, c’est à leur condition matérielle par l’élévation des rétributions universitaires. Les droits d’inscription, d’examen, de diplôme, sont augmentés pour la faculté des lettres, comme pour les facultés de droit et de médecine. Pour le titre de médecin, l’augmentation totale est de 160 francs ; pour celui d’avocat, elle est de 300 francs. L’accroissement des recettes pour l’état est évalué à 1,320,693 francs. Cette somme est destinée à entretenir huit facultés nouvellement créées, à rouvrir des cours interrompus, à compléter l’enseignement, à former des collections. Le résultat, comme on voit, est en définitive d’ajouter aux rétributions qu’on payait déjà dans les facultés, et sous ce rapport le décret nouveau conduit à une question que l’expérience seule peut résoudre, celle de savoir si un certain nombre de jeunes gens ne seront pas éloignés par cette augmentation de droits. Le rapport du ministre de l’instruction publique révèle un fait qui pourrait n’être point sans signification ; il constate qu’il y a aujourd’hui