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fut saluée par les applaudissemens frénétiques des spectateurs. À la fin de la pièce, un acteur portant le costume de Bélisaire s’avança sur le devant de la scène, et déposa sur le chiffre du roi une couronne impériale byzantine, aux acclamations de la salle et principalement des militaires. Les officiers de la garnison et les élèves de l’école militaire du Pirée avaient été invités à assister à cette inauguration symbolique, dont l’organisateur était le préfet de police, M. Tissaminos, membre en même temps de la commission théâtrale. D’autres démonstrations publiques eurent lieu presque tous les jours. Quand les troupes revenaient de l’exercice, la musique, en passant devant la légation turque, jouait, au milieu des cris et des gestes hostiles de la foule, les airs populaires qui rappelaient les souvenirs de la guerre contre les Turcs. Sous les fenêtres du roi, la musique jouait l’hymne célèbre de Riga, le Δευτε παιδες, la Marseillaise de la révolution grecque, et les étudians de l’université se rassemblaient en poussant des vivats et des clameurs patriotiques. Ce n’étaient là que les manifestations extérieures. Des actes plus sérieux signalaient ce mouvement. Les fauteurs de l’insurrection travaillaient sous les yeux du gouvernement à recueillir de l’argent et à recruter des soldats contre un état avec lequel la Grèce était en paix. Déjà la souscription de Trieste avait produit 300,000 drachmes ; le procureur du roi d’Athènes, M. Typaldo, qui avait été envoyé quelques mois avant à Londres, pour demander des secours aux riches maisons grecques de L’Angleterre, n’avait pas été aussi heureux. Quoiqu’il fut autorisé à exciter et à récompenser la générosité des maisons grecques de Londres par des promesses de décorations, il ne put pas réunir plus de 80,000 drachmes. Quatre comités s’organisèrent pour grossir ces subsides, déjà déposés à la banque d’Athènes. Leurs agens allaient quêter les souscriptions de maison en maison. Les mêmes comités, dont l’un s’était installé en face de la maison de l’envoyé ottoman, préparaient les enrôlemens. On voyait reparaître de tous côtés les vieux fusils, les vieilles armes de la guerre de l’indépendance. La nuit, des étendards étaient bénis par les prêtres. Les étudians de l’université faisaient fabriquer des croix d’argent semblables à celles qui surmontent les drapeaux de l’armée grecque. Chaque jour, on apprenait le nom d’un nouveau général, d’un nouvel officier qui allait rejoindre l’insurrection. Théodore Grivas, Tzavellas, Hadgi Petro, Santiri Strato, Rango, Papacosa, partaient successivement : Grivas avec 100,000 drachmes, Tzavellas avec 60,000, Hadgi Petro avec 30,000, Strato avec 20,000, Papacosta avec 10,000, et c’étaient les caisses de la banque qui fournissaient cet argent Les troupes rassemblées sur la frontière sous prétexte d’y maintenir l’ordre, au lieu d’arrêter cette émigration déloyale, se