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DE
LA POÉSIE ÉPIQUE
DANS LA SOCIÉTÉ FÉODALE


Histoire littéraire de la France, XXIIe volume.[1]

Chez nous, beaucoup savent le latin ; quelques-uns, le grec ; très peu, le vieux français. Dans la lecture ascendante vers les origines de notre langue et de notre littérature, on s’arrête généralement au XVIe siècle ; Montaigne, Amyot, Rabelais, Marot, sont la limite qu’on ne franchit guère. Ce n’est qu’un petit nombre qui arrivent jusqu’à Froissard, les délices de Walter Scott, et le cercle se rétrécit encore quand il s’agit des histoires de Joinville et de Villehardouin, des poésies du roi de Navarre et du châtelain de Coucy, de l’œuvre remarquable où est raconté le martyre de saint Thomas de Cantorbery, des poèmes héroïques de Raoul de Cambrai et de Roncevaux, quand il s’agit enfin des innombrables productions rimées qui signalent l’époque climatérique du moyen âge, celle où le système féodal, pleinement établi, obéit à tous ses besoins, à tous ses intérêts. Et de fait, avant ces derniers temps, où l’imprimerie a commencé de les rendre à la lumière, elles étaient interdites au public qui lit ; il n’y a que les érudits qui aillent secouer la poudre des manuscrits, et l’érudition ne s’était pas encore tournée de ce côté, — si bien que, pour la plupart, la littérature des XVIe et

  1. Cet ouvrage, commencé par des religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, a été continué par des membres de l’Institut (Académie des Inscriptions et belles-lettres). Il comprend aujourd’hui vingt-deux volumes in-4o ; le vingt-deuxième volume a paru en 1853.