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LES


LATINISTES FRANÇAIS


AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE





LA LITTÉRATURE LATINE DEPUIS LA RENAISSANCE JUSQU’A NOS JOURS. — PHILOLOGIE ET LEXICOGRAPHIE. — MÉTHODES D’ENSEIGNEMENT. — TRADUCTIONS EN VERS ET EN PROSE. — BIBLIOTHÈQUES CLASSIQUES. — ÉLOQUENCE LATINE. — POÉSIES ET RECUEILS PÉRIODIQUES.





On a dit avec raison que les langues, comme les peuples, ont leur âge d’or, leur âge d’argent, leur âge d’airain et leur âge de fer : il y a un idiome qui plus qu’aucun autre justifie cette remarque, c’est la langue latine. Elle règne d’abord avec les Romains sur le monde antique ; elle reste durant de longs siècles, dans la barbarie même du moyen âge, la langue officielle du gouvernement, de la religion, de la science, de la poésie ; elle unit, comme un lien fraternel, les nations chrétiennes : c’est là son âge d’argent. Puis cet idiome se retire peu à peu devant les langues nouvelles, dont quelques-unes sont tout à la fois ses rivales et ses filles. Au moment même où la renaissance semble vouloir le ramener à sa pureté primitive, les réformés le bannissent de leurs temples, les gouvernemens de leur diplomatie et de leurs lois. C’est l’âge de fer qui commence pour la langue latine. La science elle-même, en se vulgarisant, la chasse de ses livres, la poésie remplace par la rime ses dactyles et ses spondées, et seul le catholicisme, dans son immobilité surhumaine, lui garde toujours au fond du sanctuaire un inviolable asile.

Nous ne discuterons point ici la thèse, tant de fois débattue, de la nécessité ou de l’inutilité des études latines. Nous voulons seulement indiquer l’état de ces études dans la France du XIXe siècle, et chercher ce qui survit chez nous d’une littérature qui, après avoir dominé d’une manière exclusive, a fini peut-être par tomber dans un discrédit exagéré. Il y a là pour l’histoire intellectuelle de notre temps un chapitre qui n’a point encore été