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di litteratura e di storia contiennent des notices nécrologiques, celles, par exemple, de Gioberti et de Pinelli, des détails peu connus sur Alfieri, des recherches sur un prédicateur piémontais, le père Giuglaris, sur l’époque où les ducs de Savoie furent inscrits parmi les patriciens de Venise, sur la prétendue expédition d’Amédée V contre Rhodes, etc. ; mais le morceau capital de ce volume, c’est une dissertation sur le véritable auteur de l’Imitation de Jésus-Christ, M. Paravia réfute très bien l’opinion qui attribue ce livre célèbre à Thomas A-Kempis, à Gerson, à Thomas Gallo, et se range à l’avis de M. Grégory, qui en rapporte l’honneur à l’abbé Gersen, du couvent de Verceil. Je ne connais pas les deux volumes que M. Grégory a écrits sur ce sujet ; mais la discussion de M. Paravia est si claire et paraît si concluante, qu’on n’hésite pas, après l’avoir lue, à croire avec lui que le manuscrit découvert par M. Grégory tranche la question en faveur du moine piémontais. C’est l’opinion de quelques-uns de nos compatriotes qui ont étudié à fond cette question délicate, et personne ne l’a exposée avec autant de lucidité et de brièveté tout ensemble que M. Paravia.

Nous arrivons aux Lezioni di Storia subalpina. Chargé par le roi Charles-Albert de créer l’enseignement de l’histoire nationale dans les états sardes, le savant professeur n’a rien négligé pour répondre dignement à la confiance royale ; il a visité avec une conscience rare les lieux où s’étaient passés les événemens dont il devait parler ; il a compulsé les chroniques et les historiens, Costa de Beauregard, Grillet, saint Thomasn Litta, Cibrario ; mais, indépendant d’eux tous, il les éclaire et les complète l’un par l’autre. Il faut avouer que l’histoire du Piémont n’offre qu’un médiocre intérêt. L’exiguïté de ce pays, la faible part qu’il a prise pendant longtemps aux événemens dont l’Europe était le théâtre, ont forcé M. Paravia à faire presque uniquement l’histoire de la maison de Savoie. Si intime que soit aujourd’hui l’union de cette illustre famille avec le pays sur lequel elle règne, il n’en est pas moins fâcheux que l’histoire du Piémont ne soit que celle de princes dont les possessions ont eu si longtemps pour limite le versant septentrional des Alpes ; c’est la faute du sujet, non celle de l’historien, et je ne songerais pas à la lui reprocher, si, dans le volume qu’il vient de publier, il n’avait essayé de faire de cette exception une règle, et de prouver que l’histoire des monarchies absolues est celle des rois, puisque tous les historiens l’ont prise ainsi. C’est sans doute pour le besoin de sa cause que M. Paravia a généralisé ; mais c’est tenir trop peu de compte de la profonde réforme introduite si heureusement dans l’histoire par l’école française. MM. Guizot et Augustin Thierry prouveraient au besoin qu’il est possible de faire l’histoire des peuples, même sous la monarchie absolue. Sous ces réserves, il est juste de dire que M. Paravia tire tout le parti possible de son sujet ; autant qu’il le peut, il parle de l’Italie et de Turin, mais il est surtout l’historien de la maison de Savoie, et il nous intéresse, quoique étrangers, aux péripéties de son existence. Sous l’historien, on retrouve avec plaisir le professeur d’éloquence qui pare le récit un peu sec, un peu maigre des faits, de tous les charmes d’une diction qu’on trouverait presque trop élégante, si l’on ne se souvenait, que ces deux volumes sont moins un livre d’histoire que des leçons professées publiquement.

Cette élégance, ce soin de la forme est peut-être ce qui trappe le plus quand