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à 73, et celui d’Autriche à 77 1/2. Le 3 pour 100 piémontais émis récemment à 69 francs ne se cotait plus, à la fin de mars, qu’à 47 francs, avec une perte de 30 pour 100 sur le capital d’émission, et à une distance de 52 pour 100 du pair nominal. Encore toutes ces valeurs seraient-elles descendues plus bas sans l’écoulement qu’elles trouvaient sur les places de Paris et de Londres, dont les capitaux rayonnent comme la lumière, et vont, avec une générosité souvent imprudente, se prodiguer au dehors dans toutes les directions.

En prenant la cote des fonds publics pour signe du taux moyen que représente dans chaque contrée le loyer de l’argent, on voit que, relativement au reste de l’Europe, dans la dépression qui a pesé sur le crédit et par suite sur les transactions de l’industrie et du commerce, la France et l’Angleterre sont incontestablement les nations que cette crise a le moins maltraitées. Un autre enseignement en ressort : la crise financière s’est étendue à l’Europe entière, parce que l’Europe entière est menacée par la guerre qui s’allume en Orient. Les intérêts au-delà des Alpes, du Rhin et de l’Escaut se sont montrés plus clairvoyans que la politique.

Depuis le mois de mai et surtout pendant le mois de juin, la confiance a paru se ranimer. On s’habitue évidemment à la pensée de la guerre ; on en calcule plus froidement les bonnes et les mauvaises chances. À mesure que la puissance de la Russie, mise à l’épreuve des difficultés, s’est amoindrie, la force de l’Occident a semblé grandir et dominer. Il devient évident que les esprits se relèvent. Aussi, bien avant que l’on pût connaître ou même pressentir les résultats de la récolte de 1854, qui doit exercer une influence si décisive sur l’économie intérieure des populations, un mouvement de reprise très prononcé s’est manifesté dans les régions du crédit. Le tableau suivant du cours des principales valeurs, aux trois époques de la fin de juin 1853, de la fin de mars et de la fin de juin 1854, permettra d’apprécier la nature et les proportions de ce mouvement en ce qui touche la France :


Juin 1854 Mars 1854 Juin 1853
3 pour 100 73 fr 30 c 63 fr 79 fr 50 c
4 1/2 98 fr 10 88 fr 90 98 fr 10
Chemin d’Orléans 1,170 fr 1,040 fr 1,170 fr
« du Nord 867 fr 50 745 fr 910 fr
« de l’Est 702 fr 50 680 fr 822 fr 50
« de l’Ouest 650 fr 545 fr 755 fr
« du Midi 610 fr 487 fr 50 645 fr
« de Lyon 950 fr 772 fr 50 940
« de la Méditerranée 827 fr 50 630 fr 745 fr
« de Rouen 1,020 fr 850 fr 1,070 fr

Après une année d’émotions et de désordres, le crédit public se trouvait ramené à une faible distance du point de départ. Le 4 ½