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S’il cache au désert ses corbeilles.
S’il a fait si haut son jardin,
Il permet à quelques abeilles
De boire aux fleurs de notre Éden.

Et l’âme, aspirant à les suivre,
Goûte, avec leur miel merveilleux.
Un parfum qui l’excite à vivre
Pour atteindre aussi les hauts lieux.

FRANTZ.


Chastes fleurs du désert dont l’haleine est si douce,
Près de vous je respire un calme inattendu.
L’orage qui grondait en mon cœur éperdu
Se dissipe en touchant la bruyère et la mousse.

Jusqu’à vous n’atteint pas le bruit de la cité,
Et sa noire vapeur rampe, au loin, dans les plaines;
Vos soleils ont chassé toutes mes ombres vaines,
Et convié mon âme à la sérénité.

Je m’enivre d’oubli, de repos, de silence ;
Je ne sais plus s’il est des cœurs vils, des tyrans ;
Et le mol éventail que le zéphyr balance
M’endort sur le velours des gazons odorans.

LES LACS DES MONTAGNES.


Monte encore, et sur les faîtes
Cherche, à l’orient vermeil,
Des voluptés plus parfaites
Que l’oubli dans le sommeil.
Ton âme, en nos flots trempée.
Comme l’acier de l’épée.
Doit flamboyer au soleil.

L’argent de ma zone blanche
Encadre mon bleu miroir;
Le ciel est proche et se penche
Sur l’eau sans plis pour s’y voir.
Mon sein des chastes fontaines
Qui vont jaillir dans vos plaines
Est le profond réservoir.