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plume et d’épée. Comme il avait toujours été désigné dans le monde savant par le nom de capitaine (captain) Smyth, plusieurs personnes ne l’ont pas reconnu sous son nouveau titre, parfaitement mérité du reste, d’amiral Smyth. Ce grade semble presque avoir diminué la notoriété de son nom en la déguisant un peu. L’ouvrage déjà célèbre de l’amiral William Henry Smyth, membre correspondant de l’Institut de France, publié en 1854, sous le titre de la Méditerranée au point de vue physique, historique et nautique, ne contribuera pas peu à reporter sur l’amiral la renommée du capitaine.

Pour donner une idée de ce travail ou plutôt de ce recueil, nous indiquerons d’abord les cinq importantes parties qui en constituent l’ensemble. La première, comme nous l’avons dit, se rapporte aux productions, au commerce et à l’industrie des différentes contrées riveraines de la Méditerranée depuis le détroit de Gibraltar jusqu’à l’extrémité de la Mer d’Azof, en parcourant le bassin oriental et le bassin occidental de la Méditerranée séparés par la Sicile, entre l’Afrique et l’Italie, — Puis en pénétrant, par l’Archipel, les Dardanelles, la mer de Marmara et le Bosphore, dans la Mer-Noire jusqu’au pied de la chaîne du Caucase, — enfin en arrivant par le Bosphore cimmérien jusqu’à la limite des eaux méditerranéennes, à l’orient de la Grimée. Dans ce vaste périple, que de peuples ont été, sont ou seront ! Après les travaux de l’historien et du géographe, quel vaste champ ouvert à ceux de l’homme d’état pour les intérêts présens et futurs des peuples et de l’humanité !

Plus spécialement consacrée à la mer elle-même, que l’auteur considère comme voie de communication et comme soumise aux lois générales de la physique du globe ou de la météorologie, la seconde partie comprend la température, les courans, les marées, le système des fleuves, l’évaporation et ce qui est relatif aux peuplades de poissons et d’êtres vivans qui habitent cette mer et en enrichissent diverses contrées. La profondeur des eaux, l’aspect des rivages et les effets des volcans anciens et modernes sont décrits dans une juste mesure.

Dans la troisième partie se placent les questions relatives aux vents régnans, aux saisons et à la climatologie de cette mer avec tous les phénomènes de l’atmosphère, y compris les tempêtes, la pluie et les orages électriques.

La quatrième partie contient l’histoire des recherches géographiques qui ont établi les précieuses cartes actuelles de la Méditerranée, depuis les anciens jusqu’au moyen âge et jusqu’aux opérations modernes des Anglais et des Français. L’auteur a pris dans ces opérations une part aussi honorable qu’exempte de toute rivalité envieuse envers ses collaborateurs, et, au moment même où nous écrivons, la France les poursuit encore, pour ajouter à l’admirable