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d’être savant, si vous ne pouvez répondre à aucune de mes demandes ? — Madame, cela sert à savoir dire : Je ne sais pas !

De bons esprits ont cherché dans les registres météorologiques des années antérieures s’il n’y aurait point une période fixe au bout de laquelle les saisons se reproduiraient de la même sorte pour la chaleur, la pluie, les vents, les productions de la terre. Jusqu’ici, rien de bien établi n’a entraîné l’assentiment universel. La période lunaire de dix-huit à dix-neuf ans, qui ramène les mêmes configurations de ce satellite, les mêmes éclipses, les mêmes positions par rapport au soleil, est la seule qui ait été un peu remarquée. L’année 1816 fut exceptionnelle pour l’humidité et la température, et dix-neuf ans après, l’année 1835 présenta les mêmes caractères; dix-neuf ans encore après, c’est-à-dire au commencement de la présente année 1854, on crut apercevoir un effet de cette période que les Grecs avaient nommée période du nombre d’or. On prétend que plusieurs de ceux qui veulent sérieusement prévoir le caractère d’une année commençante se reportent aux registres de l’année qui a précédé celle-ci de dix-huit ou dix-neuf ans; mais en suivant les indications résumées dans les tableaux de M. Glaisher, je n’ai point retrouvé cette période bien définie, et en cherchant la période des débâcles des glaces polaires, celle des époques de congélation ou de dégel de la Baltique, surtout celle de la navigation ouverte ou interrompue sur le fleuve Saint-Laurent, au Canada, on n’a rien encore trouvé de satisfaisant. Au reste, il n’y a rien d’absurde à supposer une reproduction périodique des mêmes constitutions atmosphériques et à chercher dans la nature physique comme dans l’état social l’histoire de l’avenir par celle du passé. Cette méthode a trop bien réussi aux astronomes, les seuls qui, suivant l’observation de Laplace, puissent se flatter justement de prédire l’avenir, pour que, même dans un ordre de phénomènes plus complexe, on ne cherche pas à saisir des analogies qui conduiraient à des présomptions assez probables. Néanmoins l’écueil de toutes ces recherches, c’est la prétention qu’ont tous les consulteurs de registres météorologiques — de vouloir identifier en tout les années qu’ils prennent pour similaires dans leurs périodes. Il suffirait qu’elles eussent des points de ressemblance dans les caractères principaux, et il est très possible que les périodes ne soient pas les mêmes pour la chaleur, l’humidité, les vents dominans, les orages électriques, etc.; alors chaque année prendrait son caractère de plusieurs influences diverses. Ajoutons que chaque saison pourrait bien avoir sa période distincte. Ainsi le retour des étés excessifs pourrait bien n’être pas réglé par la même loi que le retour des hivers rigoureux, ce qui semble du reste résulter des faits comme de la théorie. Rien que de naturel en tout ceci, car les élémens qui influent sur le printemps, par exemple, comme succédant à l’hiver, ne sont pas les mêmes que ceux qui influent sur l’été comme succédant au printemps, et, s’il était nécessaire de le prouver, on ferait concevoir assez facilement que l’été est à peu près exempt de ces fluctuations capricieuses qui, dans nos climats, rejettent les temps d’hiver dans les premiers jours du printemps, ou font anticiper les temps de printemps sur les derniers jours de l’hiver.

Parmi les phénomènes météorologiques, il faut aussi compter les marées,