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Frisques mignons, bruyans enfans.
Monde nouveau, gens triumphans.
Peuple tout confit en images,
Parfaits ouvriers, grands maîtres Jehans,
Toujours pensans, veillans, songeans
À bastir quelques haulx ouvrages,
Laissez bourgades et villages
Afin d’être nos auditeurs.

Venez, venez, sophistiqueurs.
Gens instruits, plaisans, topiqueurs.
Remplis de cautelles latentes,
Expers, habiles, decliqueurs.
Orateurs, grands rhetoriqueurs,
Garnis de langues esclatantes.

Venez, pompans, bruyans légistes ;
Médecins et ypocratistes.
Laissez vos saulces, vos moustardes ;
Mignons, laissez chevaux et bardes.
Vos grands bastons, vos becs d’oustardes…
Ça, mes mignonnes danceresses,
Mes très plaisantes bavarresses.
Délaissez vos amoureux traits ;
Mes grandes entreteneresses.
Combien que vous soyez maistresses,
Escoutez nos moyens parfaicts…
Advisé me suis au matin
De vous lire des droits nouveaulx.

Quels sont ces droits nouveaux ? Le berceau de l’enfant est là, là aussi le fauteuil de l’aïeule, et le bonhomme de mari, ce niais de tradition, ce bouffon de l’éternelle comédie, gagne durement la vie de la famille ; il aune son drap, remue sa houe et fait sauter sa navette ; il ramasse ainsi les derniers drap, remue sa houe et fait sauter sa navette ; il ramasse ainsi les derniers sourires de sa vieille mère, les fêtes de l’adolescence pour son enfant, et procure à sa femme la vie débarrassée des soucis et de la misère. Mais quoi ! qu’est cela pour la femme du temps nouveau ? Le vieux Christ est là, au fond de l’alcôve conjugale ; il est là depuis bien des générations, étendant ses deux bras d’ivoire jauni par le temps, et semant de ses mains sanglantes toutes les bénédictions du foyer domestique. Qu’est cela encore ? Ce sont les anciens droits. Les droits nouveaux, on les fait valoir quand la brune est venue et que l’occasion est favorable ; il n’est pas besoin de les définir. S’il reste encore quelque honte, bien, qu’on pleure demi-larme, et tout sera dit. Pourtant voilà la vengeance qui arrive, et Coquillart nous montre, avec sa finesse et son cynisme ordinaires, la coquetterie, le dernier juge, l’exécuteur des hautes œuvres de la morale en ce monde passionné. Ce n’est pas qu’il veuille prêcher ; non, il ne le sait pas faire ; il appelle ses ouvrages les Festes, et il se contente de traîner par les cheveux, devant le dieu et devant sa cour, tous les ridicules de la bonne ville.

Voici donc Dangier, le mari trompé, remuant et jaloux. C’est le plastron de tout joyeux esprit, la victime turbulente du seigneur Amour. C’est lui