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gouvernement au milieu des agitations récentes, nous les avertissons de la manière la plus sérieuse, tous et particulièrement ceux du clergé, avec la vocation desquels une telle conduite doit être considérée comme incompatible, d’observer désormais une plus grande attention à cet égard, et nous enjoignons à tous ceux à qui leurs fonctions permettent d’y contribuer d’appliquer tous leurs soins à favoriser les intentions de notre gouvernement. » Nous disions tout à l’heure que les représentans et les électeurs du royaume de Danemark nous semblaient avoir montré jusqu’à présent, dans cette lutte, de la modération, un grand respect pour la légalité et une véritable intelligence des principes et des mœurs constitutionnelles. On voit qu’il y avait quelque mérite à acquérir si tôt cette sorte d’expérience, et que tout près d’eux d’autres exemples leur étaient donnés.

La dissolution du parlement laisse au ministère une facile victoire qu’il semble vouloir poursuivre. Les élections prochaines témoigneront probablement de l’impatience du pays. Quelle sera la fin d’une lutte qui menace d’être acharnée de part et d’autre ? Le refus de voter l’impôt, en admettant que les chambres fussent soutenues par les électeurs, amènerait des violences qui compromettraient la cause danoise aux yeux des puissances amies. Dans un tel embarras, il faut espérer avec le parti national que les complications européennes ouvriront pour les difficultés intérieures du Danemark quelque issue encore invisible. Les vœux que forme ce parti pour le succès de nos armes sont sincères, ils sont intéressés. Le parti national compte sur la nécessité occidentale; il souhaite de tous ses vœux que la guerre vienne briser des liens qui étouffent son pays. L’occasion est offerte à la diplomatie occidentale de sauver une nationalité de plus, une nationalité intelligente, active, énergique, et de regagner un allié fidèle. On se rappelle que le Danemark est resté le dernier avec nous, dans les guerres du premier empire, au prix de bien des souffrances. Tant de luttes et de constance n’auraient-elles pas dû lui assurer l’intégrité de son territoire et l’affermissement de ses institutions libérales ? Peut-être enfin le temps de la justice approche-t-il malgré des apparences contraires. C’est la croyance de tous les peuples que la guerre actuelle est destinée à redresser bien des torts et à faire cesser beaucoup d’oppressions.


A. GEFFROY.




REVUE MUSICALE.

La saison musicale est en pleine activité. Tous les théâtres lyriques, à commencer par l’Opéra, ont ouvert leurs portes et livré déjà au public quelques nouveautés plus ou moins intéressantes, sans préjudice d’ouvrages plus considérables qu’on prépare pour l’hiver. L’approche de l’exposition universelle, qui doit attirer à Paris tout ce qu’il y a en Europe et dans le monde d’esprits curieux d’assister à ce congrès des arts de la paix et de la civilisation, excite les artistes à faire tous leurs efforts pour s’élever à la hauteur de ce grand événement. Aussi bien, le moment est-il plus opportun qu’on ne croit pour