Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 8.djvu/621

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le rôle de Desdemone, qu’elle a chanté avec sa distinction ordinaire. Malgré tous les efforts qu’elle a faits pour recruter une nouvelle troupe, nous ne cesserons pas de dire à la direction du Théâtre-Italien que, pour surmonter les obstacles qui entourent son entreprise, il faut encore d’autres élémens de succès que ceux qu’elle nous présente au commencement de cette saison. Si les soirées du Théâtre-Italien ne sont pas un plaisir d’élite qui s’adresse aux délicats, ce théâtre n’a pas de raison d’être.

Il y a eu à l’Institut un petit mouvement qu’il est bon de ne pas laisser passer inaperçu. M. Halévy ayant eu l’ambition d’être nommé secrétaire de l’Académie des Beaux-Arts, place restée vacante par la mort de M. Raoul-Rochette et qui aurait si bien convenu aux connaissances solides et diverses, au talent éminent de M. Vitet, il restait un vide à remplir dans la section de musique, et M. Clapisson a été choisi par un assez grand nombre de suffrages. Nous n’avons rien à dire contre la nomination de M. Clapisson, qui est après tout un artiste de talent; mais nous sommes plus touché de l’exclusion de M. Berlioz, qui a obtenu quatre voix. Qu’allait donc faire le compositeur fantastique dans cette galère ? Lui qui a tant clabaudé contre l’esprit bourgeois qui pervertit le goût de la France, pourquoi va-t-il humblement frapper à la porte de l’Institut, qui n’est rempli que de bourgeois ? MM. Auber, Halévy, Ambroise Thomas, Reber, sont tous des bourgeois, c’est-à-dire des hommes studieux qui se sont donné la peine d’apprendre la musique des maîtres qui les ont précédés, tandis que M. Berlioz en a inventé une pour son propre compte et que personne ne lui conteste. M. Berlioz n’a-t-il pas pour se consoler de ses nombreuses mésaventures l’admiration de M. Théophile Gautier ? On connaît le goût de ce spirituel écrivain pour les réputations contestées et les talens incompris. Il aime les peintres qui ne peuvent pas faire de tableaux, les sculpteurs qui ne savent pas faire une statue, les architectes qui inventent des palais babyloniens et qui ne sauraient édifier une maison; il les aborde avec respect, les excuse, les embaume, il les enveloppe de bandelettes sacrées, et les place dans sa nécropole, où ils sont parfaitement à l’abri des insultes des bourgeois. Que M. Berlioz se contente donc de cette gloire puérile et honnête, car il n’en aura pas d’autre.


P. SCUDO.


Dans une lettre adressée au directeur de la Revue des Deux Mondes, M. Alfred Michiels m’accuse d’avoir, en parlant de Rubens, exploité ses découvertes, ses idées, ses interprétations, ses jugemens; il proteste contre cette spoliation, et annonce qu’il va prouver au public, pièces en main, qu’il a été dévalisé. Ma réponse est très simple, et quelques lignes me suffiront pour réfuter cette terrible accusation.

A quoi se réduisent les découvertes de M. Michiels ? A un extrait du livre publié par M. Bakhuisen en juin 1853. En restituant à Siegen l’honneur d’avoir donné naissance à Rubens, qui devais-je nommer ? L’auteur même