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mentionnées au commencement, c’est assez de dire qu’on y trouve b( nombre de morceaux d’élite fournis par la plupart des vieilles écoles des flamands et des hollandais surtout au British Institution et des quattroventisti italiens dans la galerie de lord Ward. Notre but n’a pas été de faire une revue générale, mais de jeter un coup d’œil sur l’aspect de l’art anglais dans ses expositions nationales, d’interroger celles-ci comme une manifestation de ses phases les plus récentes, et de recueillir quelques-unes des impressions qu’il peut provoquer à ce point de vue.

En terminant, nous n’avons pas besoin de faire remarquer que nos observations ont été forcément restreintes; nous avons pu tout au plus saisir quelques traits saillans de la physionomie que nous désirions esquisser, et faire brièvement sentir ce qu’ils indiquent. Bien des œuvres dont nous n’avons rien dit ont probablement un prix réel qui, dans l’échelle des valeurs artistiques, les place au-dessus des œuvres dont nous avons parlé; mais elles n’avaient aucune réponse à faire aux questions que nous voulions nous poser. Les tendances les plus générales et les directions les plus patentes du développement esthétique de l’Angleterre étaient l’objet de notre préoccupation, et la conclusion où nous sommes arrivé, c’est que la reproduction exacte de l’apparence des choses telles qu’elles sont est de plus en plus le pôle qui attire tout à lui. Les expositions anglaises ont perdu ce qui en avait fait longtemps le caractère individuel : les tableaux fantastiques ont disparu avec leurs couleurs éclatantes et leur dessin défectueux. Le pinceau est devenu plus humble et plus vrai. L’avenir peut-être réserve au monde le spectacle des hautes conquêtes que cette sincérité et ces efforts méritent sans doute comme récompense. En attendant, le chef-d’œuvre de la peinture réaliste est toujours à venir : les bonnes choses de l’art anglais ne se trouvent encore que parmi les produits indépendans et irréguliers de l’ancienne école.

D’un autre côté pourtant et quels qu’en soient l’avantage ou l’inconvénient, il est certain que les dogmes nouveaux jettent dans le monde une masse beaucoup plus considérable d’habiles exécutans; sous leur influence, l’esprit court les rues, — et cela se conçoit, car pour une composition historique de l’école du drame, le livre où est puisé le sujet fait, avec le modèle et le mannequin, les trois quarts des frais du travail; pour achever sa chronique imagée, l’ouvrier n’a plus guère besoin que de temps et d’attention. On compte tellement sur toutes ces ressources d’érudition et de couleur locale, que partout les peintres contemporains n’aiment plus à mettre en scène que les époques récentes, celles dont on connaît les costumes, les