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SCÈNES DE LA VIE
ET DE
LA LITTÉRATURE AMÉRICAINES




I.

LE ROMAN DE MŒURS.


The Lamplighter, Boston et Londres, 1854.[1]


Le roman du Lamplighter, le grand succès littéraire de l’année présente en Amérique, est l’œuvre d’une femme, miss Cumming ; il sort de la ville de Boston, autrefois la capitale du puritanisme, aujourd’hui la métropole de l’unitarisme et le lieu d’asile de la philosophie allemande. Tous ceux qui suivent curieusement, nous ne dirons pas les progrès, mais les mouvemens de l’âme humaine à notre époque, ont pu remarquer le rôle éminent, capital, comme disent les Anglais, que jouent depuis quelques années dans la littérature de leur pays et dans la lutte active contre les préjugés et les superstitions de leurs concitoyens les femmes de race anglo-saxonne et de religion protestante. On sait quelle guerre sans trêve ni merci les écrivains anglais ont déclarée au cant ou cagoterie religieuse, au lâche respect des convenances, des usages établis, ou cagoterie sociale. Dans cette guerre énergiquement poursuivie contre deux idoles monstrueuses qui ont étouffé plus de sentimens vrais que le dieu Jaggernaut n’a écrasé de martyrs volontaires sous les roues de son char

  1. Une traduction de ce roman vient de paraître à Paris, à la librairie de M. Meyrueis, rue Tronchet.